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EN CATALOGNE, LES COMITÉS DE DÉFENSE DE LA RÉPUBLIQUE PORTENT UNE VISION ÉMANCIPATRICE DE L’INDÉPENDANCE
Article mis en ligne le 6 février 2018

Au moment où le nouveau parlement catalan issu des élections du 21 décembre peine à élire son président compte tenu de l’imbroglio juridique qu’a créé Madrid, nous publions un reportage sur les indépendantistes réalisé en 2017 qui reste largement d’actualité.

(...) les Comités de défense de la République se sont multipliés. Ces assemblées de quartier voient dans l’indépendance l’opportunité d’une transformation de l’ordre social et de remise à plat d’un régime en crise. Ces comités fédèrent aussi bien des militants de gauche, des libertaires que des citoyens qui ne sont pas forcément des inconditionnels de l’indépendance. Reportage.

Héritiers des Indignados
Cette mobilisation a surpris les plus anciens activistes dont Iñaki Garcia, qui milite depuis plus de 30 ans dans les mouvements libertaires, toujours influents en Catalogne. Il est l’un des fondateurs d’El Lokal, boutique et espace ouvert autogéré où convergent les luttes et les résistances à la gentrification et aux mafias de toutes sortes, dans le quartier du Raval à Barcelone. « Les phénomènes aussi amples, personne ne les prévoit, résume Iñaki. Tu les désires, tu sais que quelque chose peut se passer mais quand ils arrivent, ils te surprennent. Le 1er octobre s’inscrit dans cette logique. Surtout par la magnitude que l’événement a pris : des milliers de personnes, de tous âges, de toutes classes sociales, mettant leur corps en avant pour protéger des urnes, pour défendre un droit élémentaire. C’était très impressionnant. »

Comme lors des épisodes du 15-M (souvent appelé mouvement des « indignés » ou indignados, en 2011) ou plus récemment en France, lors de Nuit debout, les gens ont l’impression de pouvoir agir à nouveau. Ils tissent des liens, débattent, se réapproprient la parole politique. Témoins de cette effervescence démocratique et populaire, les nombreuses journées, les assemblées, les multiples actions et mobilisations organisées un peu partout.

« Je veux d’autres façons de nous gouverner nous-mêmes »
Ainsi mi-novembre, les CDR de L’Hospitalet se sont réunis pour une journée de mise en commun des pratiques, pour commencer à penser collectivement leur rôle dans la Cité. Au programme, des ateliers de résistance passive, de relaxation, de sécurité informatique ou de création de pancartes pour les futures manifestations, et des tables rondes sur la question du féminisme ou des migrations… Des familles viennent avec leurs enfants, des anciens racontent les luttes des années 70, les indépendantistes de la première heure côtoient ceux qui veulent refaire le monde.

On échange sur la démocratie et sur l’indépendance. (...)

Un indépendantisme de gauche et internationaliste ?
L’indépendantisme catalan cristallise un certain nombre de problèmes que l’État espagnol n’a jamais réglé. De la coexistence de plusieurs nationalités au sein d’un même pays à la transition démocratique de l’après-Franco, en passant par la corruption ou les luttes féministes, les CDR veulent s’emparer de tous les sujets. (...)

Cette aspiration à la rupture soude au-delà du seul bloc indépendantiste. Un bloc qui n’est pas monolithe, et dans lequel le nationalisme patriotique et égoïste est loin d’être majoritaire. Est-ce à dire qu’il existerait un indépendantisme de gauche ? Voire internationaliste ? C’est ce que revendique en tout cas Eduardo Caliz, membre du secrétariat national de la Candidature d’unité populaire (CUP), le parti de gauche radicale catalan : « Oui, nous sommes internationalistes. La reconnaissance d’une communauté ne repose pas sur la glorification d’une nation, mais dans la libre relation avec les autres communautés et les autres peuples du monde. L’indépendantisme ouvre de réelles possibilités de transformation sociale. »

Une gauche radicale très active (...)

« L’indépendance pour transformer la réalité, pas pour changer le drapeau du balcon » (...)