Cécile Charlap, sociologue a publié en février 2019 sa thèse de doctorat sous le titre “La fabrique de la ménopause”aux Editions du CNRS. Elle conduit sous un angle sociétal l’exploration d’un “beau continent” dont l’évocation reste à ce jour négative et excluante. Entre représentations sociales et témoignages les recherches de la jeune chercheuse mettent à jour les liens entre cette période de la vie des femmes et les enjeux de pouvoir qui s’y attachent. Interview.
On découvre que le terme de ménopause est très récent ?
Oui ! Il est inventé en quelque sorte au début du XIXème. On le trouve pour la première fois dans un ouvrage d’un médecin français Charles de Gardenne en 1821.
Pourquoi on a eu besoin de nommer et de distinguer cette période dans la vie des femmes ?
Auparavant, la littérature médicale parle “d’âge critique” pour cette période. Mais c’est pas un moment qui est très étudié dans les ouvrages médicaux, ils s’intéressent aux règles, à l’accouchement et à la grossesse. Et “l’âge critique” est assez peut investigué. Avant le XVIIIème, on parle simplement d’arrêt des menstrues et là encore c’est très peu étudié. Au tournant deu XIXème c’est l’héritage des Lumières, de cette rationalité qui veut catégoriser les choses et les êtres, et finalement ce système de catégorisation du monde en deux sexes bien distincts – l’un bien inférieur à l’autre – émerge et devient stable avec un masculin et un féminin. C’est à partir de ce moment là que se développe le traité des maladies des femmes et qu’on ne va plus voir le vieillissement de manière unisexe. (...)