
Monsieur le préfet,
Après l’échouage d’un rorqual commun (Balaenoptera physalus) de 19 m de long pesant environ 30 t sur une plage de galets à quelques dizaines de mètres des falaises de craie de Veules-les-Roses, il nous paraît indispensable, malgré les difficultés d’accès, de procéder dans les meilleurs délais à l’enlèvement et à l’autopsie de la carcasse. Sa décomposition sur place induirait à terme des risques bactériologiques en particulier pour les usagers du littoral. D’autre part, si la carcasse était remobilisée par les prochaines grandes marées, elle provoquerait des risques pour la sécurité nautique et on ne peut pas exclure dans cette hypothèse que la carcasse ou des morceaux de la carcasse s’introduisent dans les canaux d’aspiration des eaux de refroidissement et dans les tambours filtrants des stations de pompage des centrales atomiques de Paluel et de Penly.
Ce rorqual adulte qui dans un premier temps s’est échoué le 19 avril sur la plage de Saint-Valery-en-Caux, a été suivi d’un baleineau rorqual de Minke (petit rorqual Balaenoptera acutorostrata). Les échouages de balénoptères sont exceptionnels en Haute-Normandie. Ces deux échouages se sont produits quelques jours après l’arrivée de la plateforme autoélévatrice Seajacks Kraken battant pavillon Panama sur le chantier de l’usine éolienne offshore EDF Renouvelables/Maple power/Skyborn (dite “parc éolien en mer de Fécamp”). La multiplication, la succession et la diversité des travaux offshore induisent forcément un vacarme sous-marin susceptible de perturber l’orientation, la communication et l’organisation sociale des cétacés. Dans sa réponse aux interrogations de Sea Shepherd, EDF dit que les suivis réalisés depuis le début de la construction du parc en 2022 ont “permis d’observer plus de 200 mammifères marins dans et autour de la zone du parc”, ce qui démontre une nouvelle fois l’inconsistance des études préalables affirmant selon EDF que “les observations menées dans l’aire d’étude immédiate n’ont donné lieu qu’à de très rares contacts de mammifères marins”.
Les nuisances acoustiques ne sont pas les seules à devoir être prises en compte. S’il est connu que les aérogénérateurs perturbent le fonctionnement des radars fixes de l’Aviation civile, de la Défense nationale, de Météo-France et des ports et navigation maritime et fluviale, aucune étude n’est disponible sur les perturbations des communications et des écholocations des cétacés par l’implantation sur 67 km2 d’un labyrinthe de 71 fondations gravitaires massives. (...)