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Éduquer sans punir : une certaine vision de l’enfant et de la société
« La punition n’apprend qu’une chose : éviter la punition. » Skinner
Article mis en ligne le 2 mai 2014
dernière modification le 26 avril 2014

J’en avais déjà parlé dans Ne le prends pas dans tes bras, notre société a une très faible estime des enfants. Ce n’est pas seulement qu’ils ne sont pas considérés comme des individus à part entière (tout au plus, on leur décerne le mérite d’être de futurs individus). Mais pire encore, ce sont des monstres. Des tyrans en devenir. Des petits êtres maléfiques, égoïstes, néfastes. Ce sont des Gremlins. Et donc, il faut les dresser.

J’exagère ? À peine.

Défendre l’éducation sans punition, ce n’est pas seulement défendre la non-violence envers les enfants. C’est aussi défendre une certaines vision de l’enfant, comme un individu sensible (et donc il est cruel de lui infliger des peines), respectable (et donc il est immoral de lui faire sciemment du mal), mais aussi intelligent (il est donc stupide de chercher à le dresser comme un pigeon savant) et apte à apprendre la vie en société (et donc, point important, il n’est pas nécessaire de lui faire du mal pour qu’il sache, petit à petit, tenir compte des autres). (...)

Une punition n’est pas la conséquence nécessaire, normale ou naturelle d’un comportement. Une punition prend sens dans un système coercitif, et sa définition est claire : elle est une peine infligée en réponse à un manquement aux règles énoncées par l’autorité. Je n’invente rien, si on prend une définition dans n’importe quel dictionnaire, comme le Larousse :

*Action de punir, d’infliger un châtiment, une peine ; (…)

*Peine infligée pour un manquement au règlement, en particulier à un élève, à un militaire

(NB : ou à un chien…) Une punition doit nécessairement faire souffrir, sinon ce n’est pas une punition. Elle est donc à distinguer d’une simple sanction, qui peut consister en un rappel des règles de vie. (...)

On peut, par exemple, indiquer à un enfant ou lui rappeler qu’il doit nettoyer ce qu’il a sali, réparer ce qu’il a cassé, etc… C’est une « sanction », au sens où c’est une sorte de résultante, de conséquence de l’acte (qu’il soit volontaire ou involontaire). Le même Larousse définit ainsi la sanction :

Acte par lequel un usage, un événement, une action sont entérinés, reçoivent une sorte de validité : Un mot qui a reçu la sanction de l’usage.
Conséquence naturelle d’un acte : L’échec est la sanction de la paresse.
Une sanction peut être déplaisante, mais ce n’est pas forcément le cas (par exemple, peu de gens aiment laver la vaisselle, mais c’est la « sanction » habituelle pour qui salit de la vaisselle. Et ceux qui aiment faire la vaisselle n’ont pas moins à la faire que les autres). (...)
un humain sans culture, ça n’existe pas, donc certaines cultures nous rendent meilleurs que d’autres, éventuellement, mais on ne peut pas affirmer que l’humain est mauvais « à la base ». À la base de quoi ? Montrez-moi un humain sans culture et prouvez-moi qu’il est mauvais. Problème : vous ne trouverez aucun humain sans culture. Vous trouverez des humains qui ont appris à vivre en société et tenir compte des autres, et d’autres qui ne l’ont pas appris.

Deuxième raison : parce que NOTRE culture est, par certains aspects, cruelle et néfaste. Notre culture, c’est la culture du viol, par exemple. On a beau prétendre que les hommes sont « naturellement » des violeurs, utiliser les autres comme objets pour son plaisir personnel en méprisant ce qu’ils ressentent, c’est quelque chose qui s’apprend. Notre culture, c’est aussi le sexisme en général, le colonialisme, le racisme, l’homophobie, le carnisme, etc… Et enfin, notre culture, c’est coller des baffes à des enfants de 2 ans en appelant ça de l’éducation.

Troisième raison : il n’est de grand criminel, tueur, violeur etc… Qui n’ait été maltraité dans son enfance. Je pense que c’est un point important. Certes, tous les maltraités ne maltraitent pas à leur tour, mais il y a une forte tendance dans ce sens (...)

Quatrième et dernière raison, nous sommes des animaux sociaux, et comme tous les autres animaux sociaux, si nous n’avions pas en nous les capacités d’apprendre à vivre ensemble, nous nous serions tous entretués depuis longtemps et on ne serait plus là pour en parler. (...)
Je ne dis pas que nous sommes bons, sociables et généreux « par nature », je dis simplement que nous avons en nous les ressources pour le devenir. Nous, humains, avons les ressources, les capacités nécessaires en nous pour cohabiter pacifiquement. Et c’est là que réside le principal travail d’éducation : enseigner les règles du groupe, afin de permettre à l’enfant de vivre en société. Et, c’est là le point important, l’enfant petit ne sait pas vivre en société, puisqu’il ne sait rien, et que ça nécessite une certaine maturation cognitive (être capable de percevoir les autres, de comprendre leurs réactions, etc…). Mais il a les ressources en lui pour apprendre. (...)