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Le Monde
Egypte : le photojournaliste Shawkan, emprisonné depuis 2013, est menacé d’exécution
Article mis en ligne le 12 décembre 2016

Actuellement trente journalistes sont en prison et dix-huit autres poursuivis dans le pays.

Le 14 août 2013, les forces de sécurité égyptiennes lancent l’assaut contre les sympathisants des Frères musulmans, qui campent depuis le 3 juillet sur les places Rabaa Al-Adawiya et Nahda, au Caire, jour de la destitution du président islamiste, Mohamed Morsi, par l’armée. Mohamed Abou Zeid, alias « Shawkan », un photojournaliste égyptien missionné par l’agence britannique de photos en ligne Demotix, est en route pour la place Rabaa Al-Adawiya, avec deux confrères étrangers. Ils sont interpellés et emmenés par les forces de sécurité.

Les étrangers sont libérés, Shawkan est conduit en prison avec des centaines d’autres Egyptiens accusés d’avoir participé aux manifestations pro-islamistes. Au moins 800 personnes ont été tuées, ce jour-là, dans la répression des sit-in, selon les organisations des droits de l’homme.

Trois ans et cinq mois plus tard, Shawkan est toujours détenu dans la prison de Torah. Il a désormais 29 ans. Accusé d’homicide, de tentative d’homicide et de possession d’armes, il a été maintenu en détention provisoire bien au-delà de la période légale de deux ans. Depuis décembre 2015, il est jugé avec 738 autres détenus dans l’affaire du « démantèlement de Rabaa » et risque la peine de mort.

Son moral comme sa santé se sont dégradés. Atteint d’hépatite C, il s’est vu refuser l’accès à un traitement médical. (...)

« Shawkan est un journaliste qui en représente des dizaines en Egypte. Les médias connaissent leurs pires années », poursuit M. El-Balshy. Trente journalistes sont en prison pour des motifs allant de l’appartenance à un groupe interdit, de l’atteinte à l’ordre public, de l’incitation à la violence, à l’appel à manifester, ou la diffusion de fausses informations.

Dix-huit autres sont actuellement poursuivis et risquent la prison. (...)

Deux lois sur la presse et les médias sont actuellement en débat au Parlement. Elles réintroduisent notamment la possibilité de placer en détention provisoire un journaliste pour ses écrits et accordent au président de la République la prérogative de nommer les présidents et un tiers des membres des trois instances supérieures des médias – qui accordent les permis de diffusion des médias. Le Conseil supérieur des médias pourra aussi interdire la diffusion d’un média étranger au prétexte d’empêcher la violation des valeurs de la société égyptienne.

« Ces lois vont étouffer ce qu’il reste du peu de liberté de la presse, conclut M. El-Balshy. L’Egypte connaît les pires cas de violations des droits de l’homme de toute son histoire. On est face à un régime dictatorial, qui a peur de la vérité et de tout mouvement qui serait capable de le mettre en péril. Il suppose que ce sont la société civile et les journalistes qui sont derrière ces mouvements. Il veut monopoliser la parole et faire taire la contestation. »