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Reporterre
Eloge de la « slow press »
Hugues Dorzée est rédacteur en chef d’Imagine Demain le monde.
Article mis en ligne le 13 avril 2017
dernière modification le 10 avril 2017

Bousculée par le big-bang numérique et soumise à la logique marchande, la presse est devenue coutumière de l’emballement et de l’approximatif, explique l’auteur de cette tribune. Qui promeut des médias qui prennent plutôt le temps de raconter le monde tel qu’il devient.

« Pour que les médias reviennent à la vie, ils n’ont pas d’autre choix que de redevenir des êtres vivants », préconise avec sagesse le philosophe japonais Uchida Tatsuru [1]. Des êtres vivants, et aurions-nous envie d’ajouter, des êtres apaisés, inspirés et centrés autour des vrais enjeux essentiels de notre époque : l’urgence climatique, le fossé grandissant entre une richesse insolente et une pauvreté galopante, le chômage de masse, le désenchantement citoyen, la dégradation des écosystèmes, les inégalités nord-sud…

On est, hélas, encore trop souvent loin du compte.

Embarquée au cœur du big-bang numérique, la presse mainstream, telle une poule sans tête, emprunte de plus en plus régulièrement des voies contraires. Celles de l’emballement, de la frénésie, du prêt-à-penser, de l’information manichéenne et cynique, à la fois affolée et affolante, catastrophiste et anxiogène. (...) Du court, du clash, de l’approximatif ! Avec, dans ce gigantesque village planétaire désormais rebaptisé « Post-Vérité », son lot de dégâts collatéraux : mémoire à (très) court terme, rumeurs et mensonges en cascade ! (...)

Fort heureusement, à côté de cette préoccupante réalité médiatique, il existe une autre presse, qui défend une autre vision du monde, avec une indépendance à la fois rédactionnelle et financière, hors du giron des grands groupes financiers. Fort heureusement, loin du bruit ambiant, de ce journalisme girouette (« suivez donc le vent de l’opinion ! ») et de l’infodivertissement, il existe encore de nombreux médias en quête de sens, de profondeur et de solutions.

Cette presse a choisi de ralentir, de prendre le temps, de questionner, d’investiguer, de rapporter et de raconter le monde comme il est et, surtout, comme il devient. Avec rigueur et discernement, passion et obstination, recul et humanité, hors des sentiers battus.

Ils s’appellent Reporterre, XXI, Médiapart, Socialter, Orbs, Kaizen, Bastamag !, Silence, L’Âge de faire, et on en passe. Sur papier ou en ligne, adeptes d’un journalisme au long cours à la fois vivant et construit, ces médias alternatifs, par-delà leurs différences éditoriales (une ligne tantôt fondée sur la dénonciation, tantôt sur le récit, le reportage ou la mise en avant d’alternatives), partagent une même envie commune : servir l’intérêt général, traquer les injustices, accompagner les transformations du monde, etc.

Un journalisme d’impact et de solutions (...)

Plus que jamais, ces citoyens-consom’acteurs, de plus en plus libres et exigeants concernant leurs modes de vie (alimentation, santé, environnement, mobilité…), ont grandement besoin d’une presse de qualité, à la fois créative et déterminée, indépendante et inspirante. (...)