Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
Elsa, 13 ans : « Pour ne pas dormir dehors, nous avons refusé de partir de notre centre d’hébergement »
Article mis en ligne le 4 mai 2016

Ils viennent du Kosovo, d’Albanie, d’Angola ou de Guinée. 72 personnes dont 41 enfants occupent depuis six mois un hébergement d’urgence, située dans une ancienne école à Annecy. Mais le 11 avril dernier, en fin de trêve hivernale, le préfet a demandé à ces familles de quitter l’école, ce qu’elles ont refusé. Elles occupent toujours leur hébergement d’urgence. Elsa, Vlora et d’autres, témoignent de leur quotidien, des difficultés administratives rencontrées pour leur demande d’asile, de leur attachement à l’école, de l’incertitude permanente.

« Je suis Elsa, j’ai 13 ans et je vis dans un refuge à Annecy depuis le 31 Octobre 2015.

Tout se passait très bien jusqu’à la décision de la fermeture du refuge suite à la fin de la trêve hivernale. Lundi, la préfecture a envoyé quelqu’un pour nous dire que nous devions partir. On nous a dit que dehors nous n’aurions pas le droit de dormir à la gare ou au parc, parce qu’on allait gâcher le paysage. Quand l’adjoint du préfet est venu, on lui a demandé de se mettre à notre place. Se verrait-il dormir dehors avec ses enfants ? Mais il revenait toujours aux dossiers. Et ça, ça m’a énervé. On ne peut pas laisser les enfants dormir dehors. Alors nous avons refusé de partir.

Cet hiver, l’association Gaia nous a permis de vivre au refuge. Tous les jours, nous devions quitter le refuge entre 8h30 à 17h00. La semaine nous allions à l’école et nos parents restaient dehors. C’était dur de se lever tous les jours à 6h30. Après l’école le soir, on mangeait, on faisait nos devoirs, on révisait. Après on avait un peu de temps libre pour jouer aux cartes, au ping-pong, au volleyball ou jouer dans la cour. Mais à 20h30, nous devions rentrer pour ne pas déranger les voisins. Des fois, il y avait des conflits entre les parents – souvent à cause des enfants qui faisaient des bêtises – mais dans l’ensemble, ça se passait très bien. (...)

Ici il y a des familles qui sont là depuis très longtemps. Moi et Elira, par exemple, cela fait maintenant 6 ans que nous avons quitté le Kosovo. Si nos familles avaient su comment cela allait se passer, nous ne serions pas restés en France. Mais maintenant, nous les enfants nous préfèrerions rester ici. Si nous retournions au Kosovo, nous ne pourrions pas continuer à étudier comme ici. On a une meilleure qualité de vie. L’école, ici, c’est très bien, on apprend plein de choses. Le soutien scolaire nous a aidées. Étudier est très important pour nous. Je voudrais devenir médecin et Elira, avocat. Je voudrais que tout s’arrange, qu’on trouve un appartement ou qu’on reste ici. » (...)

Lundi, il y a un monsieur qui a entendu parler du refuge qui fermait. Il a fait 15 km à vélo pour venir nous voir ! Il a dit qu’il avait un peu honte d’être français. » (...)

Nous avons fait des demandes d’asile, on nous a laissé rester et au bout de 6 ans, on nous demande finalement de partir. Ça n’a pas de sens ! Si dès le début on nous avait dit qu’on ne pourrait pas rester, nous serions partis ailleurs. Pourquoi ils nous ont acceptés, s’ils ne veulent pas nous donner un toit ?

Mais nous avons eu l’espoir que les choses s’arrangent pour nous. Nous nous sommes intégrés. On essaie d’apprendre le français mais ce n’est pas facile parce qu’on ne nous laisse pas travailler. Nous avons eu des promesses d’embauche, mais la préfecture les a refusées. Pourtant nous sommes des travailleurs qualifiés (...)

Nous n’avons pas le droit de nous loger, pas le droit de travailler, on tourne en rond. Certains finissent par enfreindre la loi pour survivre, mais nous, on ne le fait pas,
(...)