
Depuis le début de la crise sanitaire, nombreux sont celles et ceux qui ont désigné la jeunesse comme étant le bouc-émissaire de cette crise. Pourtant, nous sommes une génération a qui on met un poids important sur les épaules. De nombreux obstacles se posent à notre émancipation. Face à cela, une réponse est possible : le syndicalisme lycéen.
Introduction : La démarche de l’UNL dans la société
Le rôle historique des syndicats est double :
- améliorer le quotidien du milieu lycéens.
Concrètement, cela se traduit par l’information quotidienne des élèves, notamment au sujet de la mutation du service public d’éducation ces trois dernières années, ainsi que des actions d’aide directe comme les collectes alimentaires mises en place dans nos lycées récemment, où les moments de sensibilisation, par exemple contre les discriminations.
- Construire des ponts de solidarité dans nos lycées.
Le militantisme quotidien de l’UNL a vocation à nous regrouper autour d’intérêts communs, ceux de la jeunesse. En faisant prendre conscience aux élèves des intérêts communs qu’ils partagent, nous avons vocation à construire un rapport de force pour faire émerger une éducation favorable à tous et toutes, qui ne laisserait personne de côté.
Notre démarche ne s’inscrit donc pas seulement dans le court terme mais aussi dans le long terme. Si nous agissons dans nos lycées, c’est également pour porter un projet de société. L’action quotidienne de nos militant.e.s vise à la transformation sociale. (...)
Nous aspirons à une société plus juste et égalitaire. L’École joue un rôle pivot en cela. (...)
De plus, l’École doit apporter un bagage commun à tous les élèves pour permettre à chacun d’investir pleinement sa citoyenneté. Force est de constater qu’aujourd’hui le compte n’y est pas et que les inégalités de naissance se perpétuent. Il y a nécessité d’agir : C’est en réformant le système éducatif que nous transformerons la société.
"Panne de l’ascenseur social" : la jeunesse mise en difficulté (...)
Aujourd’hui, la jeunesse a majoritairement accès à l’enseignement en France, mais pas dans les mêmes conditions. Le système scolaire actuel reste fortement en faveur des classes les plus favorisées : elles y retrouvent leurs références culturelles “classiques” et des implicites qu’elles ont déjà appris à décoder. De surcroît, l’accès ou non à une aide concernant nos choix d’orientation joue toujours un rôle déterminant. On observe une censure plus importante chez des élèves issus de milieux populaires que chez les autres, même à compétences scolaires égales. Le coût que peut représenter le fait de faire des études longues, notamment l’absence de salaire pendant la période d’étude, nous pousse à nous tourner vers des formations plus professionnalisantes mais moins rémunératrices. L’instauration de Parcoursup est venu nous mettre une barrière supplémentaire. Quand nous décidons de nous inscrire à la fac’, nous pouvons dorénavant être refusés et ne pas avoir d’affectation dans l’enseignement supérieur.
Depuis les années 1990, le combat contre la reproduction des inégalités stagne. (...)
Les réformes Blanquer ne sauraient que creuser ce constat déjà lourd. La répartition inégale des enseignements de spécialités sur le territoire favorisera l’augmentation des inégalités d’accès à l’enseignement et donc à l’emploi. De plus, le contrôle continu inclus dans le baccalauréat engendre un accès au diplôme à deux vitesses.
La crise sanitaire a accentué cette dynamique : l’enseignement en distanciel creuse les inégalités face à l’éducation. L’accès au numérique n’étant pas le même pour tous, tout comme notre capacité à travailler en autonomie, nombre d’entre-nous sont laissés sur le carreau. Une conséquence : une forte hausse du decrochage scolaire, qui engendre une forte anxiété dans la jeunesse.
L’École est donc loin de parvenir aux objectifs de justice sociale qu’elle s’assigne.
Mythe méritocratique et culpabilisation permanente des élèves (...)
Au vu des inégalités qui ne reculent plus malgré l’action de l’école publique, nous ne pouvons pas considérer que la réussite des élèves dépend de leurs qualités propres. Celles-ci dépendant davantage de leur environnement social et pédagogique, dans lequel nous évoluons. Nier l’implication des phénomènes systémiques qui vont influencer nos choix et nos résultats est fondamentalement violent. (...)
Pendant la crise sanitaire, nous avons été désigné comme les boucs-émissaires, responsables de cette crise sanitaire. Pourtant, nous étions tous aussi précautionneux que les autres générations. Cette crise s’est accentuée par des prises de décisions incohérentes, le gouvernement ne privilégiant un jour la santé de la population et celui d’après “l’économie française”. De surcroît, elle est la conséquence de politiques anti-écologiques mondiales dont nous ne sommes pas décisionnaire. Il en est de même à l’École : nous subissons des politiques éducatives fondamentalement inégalitaires et n’avons pas à être blâmés pour cela.
Porter la voix et l’alternative lycéenne
C’est pour cela que nous agissons : pour ne plus rester silencieux face à un système éducatif exerçant une violence sociale, une violence de classe, inouïe à l’égard de nos camarades les plus défavorisés. Nous ne serons pas une génération condamnée par un ministre voulant nous diviser. Nous nous unissons pour réunir l’École, aujourd’hui grandement fracturée par les inégalités sociales.
Le premier séparatisme auquel nous voulons mettre fin, c’est celui des riches. (...)
Dans le but d’unifier les enseignements, l’UNL porte historiquement la revendication d’un lycée modulaire. Deux éléments à retenir : premièrement, nous demandons un tronc commun de connaissance pour toutes les voies. Celui-ci comprendrait les matières générales nécessaires à notre future citoyenneté. (...)
Aujourd’hui, on tend à réduire les heures d’enseignement générales en voie professionnelle (...)
Nous revendiquons tous notre droit à l’avenir et au choix de cet avenir, en toutes circonstances. Deuxièmement , des spécialités présentes dans tous les lycées, au sein d’établissements polyvalents. Nous voulons pouvoir choisir nos études. (...)
Dernièrement, nous revendiquons un réel service public d’orientation. La loi Ecole de la confiance tend à déléguer ce travail à nos professeurs. En réalité, nos parents sont aujourd’hui bien trop souvent nos premiers conseillers. Cette situation ne peut que perpétuer les inégalités. Nos parents parlent de leur expérience, de ce qu’ils connaissent. Nous serons donc influencés par leur condition sociale. Pour nos professeurs, cela représente une charge mentale immense que de conseiller un élève sur son avenir. Orienter est un métier : il faut créer un réel pôle d’orientation public avec des moyens, des instances et des infrastructures dédiées. Aujourd’hui on ne compte qu’environ un.e conseiller.e d’orientation psychologue pour deux établissements. Le suivi personnalisé de tous les dossiers est alors impossible. Pourtant, nous avons tous besoin de conseils pour prendre les meilleures décisions.
Notre avenir dépendra des choix qui seront faits par les pouvoirs publics et de notre action en leur faveur. Sans un service public d’éducation et d’orientation largement financé par l’Etat, notre génération sera condamnée à subir son destin.
Pour 2021, nous prendrons la résolution de ne pas devenir la génération sacrifiée.