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le Monde
En Algérie, la rue conspue l’élection d’Abdelmadjid Tebboune, ex-fidèle de Bouteflika
Article mis en ligne le 13 décembre 2019

« Le vote est truqué. Vos élections ne nous concernent pas et votre président ne nous gouvernera pas », scandaient vendredi les manifestants qui ont défilé nombreux à Alger.

Au lendemain d’une présidentielle très largement boycottée par les Algériens, une marée humaine a envahi vendredi 13 novembre le centre d’Alger pour conspuer le nouveau chef de l’Etat élu, Abdelmadjid Tebboune. Cet ex-fidèle du président déchu Abdelaziz Bouteflika âgé de 74 ans a été élu dès le premier tour de la présidentielle, avec 58,15 % des suffrages, selon l’Autorité nationale des élections (ANIE).

Mais le scrutin a été marqué par une abstention record (seuls 39,93 % des inscrits ont voté) et boycotté par le Hirak, le mouvement de protestation qui réclame un démantèlement du « système » aux manettes depuis l’indépendance, en 1962, et le départ de tous les anciens soutiens ou collaborateurs des 20 ans de présidence Bouteflika. (...)

La mobilisation semblait comparable à celle de vendredi dernier, lorsqu’une foule immense avait défilé dans le centre de la capitale pour rejeter le scrutin. Dans le cortège, plusieurs manifestants ont dénoncé la « mascarade » que constitue cette élection — les cinq candidats à la présidentielle étaient tous considérés par la contestation comme des enfants du « système » et accusés de lui servir de caution. Ils se disaient prêts à poursuivre le mouvement. Sur les pancartes on pouvait lire : « Tebboune, ton mandat est un mandat mort-né » ou « Votre président ne me représente pas ». (...)

Les manifestants algérois ont par ailleurs salué le mouvement de contestation d’envergure qui a eu lieu en Kabylie, une région traditionnellement frondeuse et majoritairement berbérophone, théâtre de sérieux troubles le jour du scrutin. (...)

Lors de sa première conférence de presse à Alger depuis sa victoire, le nouveau président a dit « tendre ma main au Hirak pour un dialogue afin de bâtir une Algérie nouvelle ». Il s’est engagé à « amender la Constitution (…) qui sera soumise à un référendum populaire », sans préciser selon quelle procédure et par qui le texte fondamental serait modifié. Il a aussi promis défendre la liberté de la presse. « Il y aura une nouvelle loi électorale et nous séparerons définitivement l’argent de la politique », a ajouté M. Tebboune, en s’engageant à « construire un Etat purifié de la corruption et des corrompus », dans une allusion à l’entourage du président déchu Abdelaziz Bouteflika.