
A San Thu dans le nord-ouest de la Birmanie, la vie des petits paysans de l’ethnie Mro n’a jamais été facile. Mais elle a carrément tournée au cauchemar depuis la reprise des combats entre l’armée birmane et des rebelles musulmans.
En Etat Rakhine, région limitrophe du Bangladesh et la plus pauvre de la Birmanie, vivent environ un million de musulmans rohingyas, minorité persécutée et considérée comme étrangère, mais également plusieurs autres ethnies (Rakhine, Mro, Hindou...)
Ici, les villages sont le plus souvent non-mixtes sur le plan ethnique et la cohabitation entre communautés est de plus en plus compliquée.
(...) la zone est sous tension depuis octobre dernier et des attaques de postes de polices par des rebelles rohingyas.
Les combats ont repris le 25 août et fait au moins 400 morts et poussé 73.000 personnes, principalement des Rohingyas, à passer au Bangladesh.
Dans le même temps, des milliers de bouddhistes et d’hindous ont fui vers les grandes villes de la région.
L’AFP a pu se rendre dans cette région lors d’un voyage organisé par le gouvernement. (...)
Autre groupe de civils pris en tenaille : des hindous qui vivent dans la région. A l’hôpital de Maungdaw, plusieurs familles veillaient vendredi les corps de six travailleurs du bâtiment, qui seraient tombés dans une embuscade de rebelles rohingyas.
"Nous allons rester ici un peu mais je ne sais pas encore où nous pourrons aller si jamais la situation s’aggrave encore", s’inquiète Chaw, une femme hindoue de 50 ans.
De nombreuses femmes rohingyas réfugiées au Bangladesh ont confirmé à l’AFP que tous les hommes ne les avaient pas suivi, certains préférant rejoindre la rébellion naissante.
Le groupe qui a revendiqué les attaques, l’Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), dit vouloir défendre les droits de la minorité musulmane rohingya.
Depuis plusieurs années, les experts avertissent que les persécutions dont cette minorité apatride était victime créait le risque de voir une partie d’entre eux se radicaliser.
Mais tous les musulmans sont loin de soutenir ces nouveaux militants.(...) "Nous ne voulons pas des terroristes", a expliqué un Rohingya du village de Maungni, regrettant le temps où "nous étions tous comme une famille, comme des frères".