
La Chine est confrontée au vieillissement de sa population. Ce phénomène inquiète beaucoup les autorités et pourrait à terme avoir un effet sur le développement économique du pays. Malgré les mesures incitatives mises en place par le gouvernement pour encourager les jeunes Chinois à faire davantage d’enfants, la natalité ne progresse pas.
Pour comprendre, notre correspondant en Chine Sébastien Berriot s’est rendu dans une maternité de Shanghaï :
(...) Depuis quelques années, la natalité est en chute libre. Après des décennies de politique de l’enfant unique, les jeunes couples ont obtenu l’autorisation d’avoir deux enfants et même trois depuis l’année dernière. Mais ces mesures n’ont aucun effet sur les chiffres. La diminution de la natalité atteint des proportions inquiétantes dans le pays le plus peuplé du monde. L’an passé, le taux de natalité est arrivé à son plus bas niveau depuis 1978, avec 7,52 naissances pour 1 000 personnes. Pour comprendre cette évolution, il suffit de discuter avec l’une des mamans qui vient d’accoucher de son premier bébé à l’âge de 41 ans et c’est loin d’être un cas isolé.
J’ai pris le temps qu’il fallait pour terminer mes études. J’ai passé ma thèse. Je me suis mariée un peu tard. Et après le mariage, j’ai voulu vivre ma vie de couple. Je n’étais pas pressée d’avoir un enfant. En plus, avec le travail, il y a beaucoup de pression quotidienne. C’est pour cette raison que les femmes chinoises ont les enfants plus tard. Moi, je n’aurai pas de deuxième enfant, je ne suis pas suffisamment jeune et je n’ai pas assez d’énergie pour ça. Même si on bénéficie de bons congés de maternité, je n’ai pas la volonté d’élever un autre enfant. Autour de moi, c’est rare de trouver des amies qui ont un 2e ou un 3e enfant. Ce n’est pas possible avec la pression du travail et les problèmes de garde.
Tiantian, l’une des infirmières du centre maternel, est le témoin quotidien de ces évolutions de comportement des femmes chinoises :
Les nouvelles mères dont nous nous occupons ont en général environ 35 ans. C’est leur premier enfant. Quand on leur demande si elles envisagent un deuxième bébé, elles ne montrent pas une grande volonté. Seulement 20% des femmes que nous recevons accouchent pour la deuxième fois. Et pour le moment, je n’ai encore jamais vu de femme venant ici pour un 3e accouchement.
"Les questions financières, c’est l’une des raisons qui font que la natalité en Chine est le plus basse du monde" (...)
Le rôle indispensable des grands-parents
L’autre difficulté, c’est la garde des enfants, assurée la plupart du temps par les grands-parents. Leur rôle est essentiel en Chine. Il suffit de se rendre à la sortie d’une école pour constater leur présence en très grand nombre. Mais comme les femmes chinoises donnent naissance de plus en plus tard, les grands-parents vieillissent et ils ne sont plus toujours en mesure de s’occuper des enfants. La Chine n’a pas suffisamment anticipé. Il n’y a pas assez de places dans les écoles maternelles, très peu de crèches pour accueillir les enfants avant l’âge de 3 ans. La directrice de la maternité, Cheng BaoHui, sait que cette question préoccupe beaucoup les parents. (...)
Pour faire face, plusieurs régions ont fait passer dernièrement le congé maternité de trente à quatre-vingt-dix jours. Le planning familial a lancé un programme national pour essayer de limiter le plus possible les avortements. L’enjeu est primordial pour la Chine qui redoute de ne pas pouvoir renouveler sa population pour faire fonctionner son économie. (...)