
Fin mai, un exercice de lutte contre la désinformation russe et chinoise a réuni plus de 80 participants et mobilisé quatre pays, à Helsinki, capitale d’un Etat en pointe face aux tentatives de déstabilisation.
(...) Dans une grande salle, plusieurs tables ont été regroupées pour accueillir cinq équipes. La première, les « blancs », organise l’exercice. Les « rouges » – des experts de la désinformation – vont, eux, jouer pendant deux jours les « méchants » : la Russie, d’abord, puis la Chine. Les « verts », enfin, forment en fait trois équipes : les institutions internationales, représentées par des fonctionnaires de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN ; les médias, incarnés par des journalistes finlandais ; des influenceurs et des trolls.
L’exercice a lieu en ligne. Pendant plusieurs heures, à distance, une sixième équipe, les « bleus » – des responsables de la « communication stratégique » dans quatre pays membres de l’UE et de l’OTAN, dont nous n’avons pas le droit de mentionner le nom –, vont tenter de désamorcer des campagnes de désinformation factices, créées sur les réseaux sociaux par les « rouges », en s’appuyant sur les « verts ».
Messages positifs, mensonges grossiers, manipulations, « trolling »… Rien n’est interdit. Aux quatre pays participant à l’entraînement de faire de leur mieux pour imposer leur message, face à des campagnes parfois difficiles à identifier et dont le but est de créer le désordre. Le point de départ est le monde actuel mais, au fil du jeu, les organisateurs ajoutent des éléments de tension internationale – que nous ne pouvons pas non plus révéler –, concoctant un scénario assez réaliste.
Pour les quatre pays, les facteurs de stress augmentent, aboutissant à une situation de guerre hybride : il devient alors de plus en plus difficile d’identifier le vrai du faux et de réagir de façon adéquate. (...)
« Aucun pays n’est immunisé »
« L’objectif de l’exercice est de sensibiliser les participants et de leur offrir la possibilité de mettre en pratique les meilleures approches pour identifier la désinformation et y répondre dans un environnement sûr », explique sa collègue, Shiho Rybski, directrice de la formation chez Hybrid Coe. Si les armées ont l’habitude de s’entraîner et les pays de tester leurs capacités de cyberdéfense, les exercices de lutte contre la désinformation sont encore rares, car « ils ne sont pas faciles à organiser », reconnaît Mme Rybski. (...)