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En Guadeloupe, le scandale de l’eau est un désastre écologique
Article mis en ligne le 27 avril 2021
dernière modification le 26 avril 2021

Qu’il s’agisse de la distribution ou de l’épuration, le réseau d’eau dysfonctionne continuellement sur l’île antillaise. Des tonnes d’eau potable sont gâchées chaque année, quand d’autres, usées, sont rejetées à même les milieux naturels. Sans qu’aucune donnée ne permette d’évaluer précisément l’ampleur des dégâts.

Des foyers privés d’eau, ou alimentés par un liquide trouble, impropre à la consommation. Tel est le quotidien des Guadeloupéens, qui achètent ainsi plus de cinquante millions de bouteilles en plastique par an. Si le « scandale de l’eau » parasite les journées de milliers de citoyens outre-mer depuis plus de trente ans déjà, il cache surtout un immense enjeu écologique.

« On a compris partout que l’eau était une ressource qui se raréfiait. Ici, on la gâche comme si l’on avait cinquante ans de retard », regrette Germain Paran, président du Comité de défense des usagers de l’eau de Guadeloupe.
61 % de l’eau distribuée est gâchée

Les derniers chiffres de l’Observatoire de l’eau, publiés en décembre 2020, apparaissent de fait aberrants. (...)

Un immense gâchis qui s’explique essentiellement par un réseau vétuste, rongé par les fuites, dont 90 % sont localisées sur des branchements. (...)

Une commission d’enquête parlementaire, exigée par les députés de La France insoumise fin janvier 2021, devrait bientôt s’atteler à déterminer les responsables de telles malfaçons.

« Il faut tout refaire, un point c’est tout ! » (...)

Plus de la moitié des prélèvements d’eau non encadrés (...)

afin de compenser ces fuites et les mirobolantes pertes d’eau qu’elles entraînent, les exploitants prélèvent toujours davantage dans les masses d’eau naturelles. (...)

Surtout, regrette le fonctionnaire, sur la cinquantaine de prélèvements en Guadeloupe, trente-cinq ne respectent pas la loi sur l’eau ni le Code de l’environnement. Ils ne sont, en effet, pas correctement déclarés par les exploitants, si bien que la Deal n’a aucune visibilité sur leur responsabilité : il est ainsi impossible de savoir s’ils sont bien dimensionnés par rapport à la capacité du cours d’eau.

La préfecture a certes envoyé des mises en demeure aux acteurs concernés, en décembre 2020, mais les choses semblent traîner (...)

Près de 70 % des stations d’épuration non conformes (...)

« Lorsqu’une pompe casse, on peut attendre des années avant de la changer. » (...)

Si une station d’épuration peut en moyenne fonctionner jusqu’à trente ou quarante ans, leur durée de vie, en Guadeloupe, atteint à peine treize ans. « Le service n’étant pas financièrement équilibré, on ne prévoit pas de frais de remplacement, explique Guillaume Steers. Ainsi, lorsqu’une pompe casse, on peut attendre des années avant de la changer. »

De surcroît, les réseaux d’assainissement sont peu surveillés, la télésurveillance du réseau existant à peine en Guadeloupe. En cas de rejet, aucune alerte ne s’enclenche donc et la pollution devient difficilement quantifiable.

Il faut également voir du côté des particuliers : en Guadeloupe, 60 % des foyers ne sont pas raccordés à une station d’épuration. Ils s’organisent alors autour de réseaux d’assainissement privés, dits « non collectifs », qui, « dans leur énorme majorité ne sont pas aux normes », regrette Guillaume Steers. (...)

D’une manière générale, le manque de connaissances et de surveillance des réseaux d’eau et d’assainissement empêche de déterminer précisément les enjeux écologiques qui se jouent en Guadeloupe. Si bien que, lorsqu’il s’agit d’évoquer le scandale de l’eau, l’attention se focalise sur les responsabilités politiques et économiques ainsi que sur les cris de détresse, légitimes, des consommateurs, au détriment des conséquences de ce « scandale » sur les milieux et la diversité du vivant.