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Futura-Sciences
En Méditerranée, sardines et anchois vont mal : pourquoi ?
Article mis en ligne le 21 mars 2016
dernière modification le 18 mars 2016

Dans le golfe du Lion, en Méditerranée, les anchois et les sardines vivent moins longtemps et sont plus maigres. En dix ans, la biomasse a été divisée par trois, au grand dam des pêcheurs. La raison ? Des changements dans le petit peuple du plancton. La cause profonde (pollution, réchauffement ou autre) reste mystérieuse, nous explique Claire Saraux, biologiste à l’Ifremer et en charge de cette étude aux résultats étonnants.

(...) ll y avait pourtant, en nombre d’individus, autant de poissons qu’avant, voire plus. Mais deux phénomènes s’additionnent : ils sont plus jeunes, donc plus petits [car les poissons grossissent toute leur vie, NDLR], et ils sont moins gros. » L’effet n’est pas mince : la comparaison avec des études précédentes a montré que la biomasse en Méditerranée a été divisée par trois en dix ans. « Pour les sardines, on est passé de 200.000 tonnes à 67.000 tonnes, et de 100.000 à 30.000 pour les anchois. »

Ailleurs dans le monde, les populations de ces deux espèces varient d’une année sur l’autre, notamment en Afrique du Sud et au Pérou. Ces fluctuations sont connues et dues, rappelle la chercheuse, à la diminution du « recrutement », c’est-à-dire, au sens que les écologistes donnent à ce mot, à l’arrivée de nouveaux individus dans les populations (par les naissances essentiellement). « Mais ici, ce n’est pas le cas. » (...)

Comment expliquer ces deux effets : moins de vieux poissons et des poids individuels plus faible, même à taille égale ? « Nous avons envisagé toutes les causes possibles : la surpêche, la prédation, des maladies et l’alimentation » Les deux premières ont été exclues pour les même raisons : pêcheurs et thons rouges (les principaux prédateurs) ne prélèvent que de faibles quantités par rapport aux stocks et ni les uns ni les autres ne choisissent préférentiellement les plus gros poissons. Les biologistes ont donc traqué les parasites.

« Nous avons cherché tout ce qui est possible : virus, bactéries et parasites. Et nous en avons trouvés mais on ne sait pas si cela peut expliquer la mortalité des poissons âgés ou leur maigreur. En fait, cela nous semble peu probable. » Et de souligner que lorsqu’on cherche des parasites, on en trouve toujours… L’équipe laisse cependant un point d’interrogation sur une coccidie (un organisme unicellulaire), qui reste à étudier plus finement. Le principal suspect est l’alimentation. (...)

Qu’arrive-t-il aux copépodes ?

C’est là que s’est produit le changement, selon l’étude EcoPelGol. « Les populations de copépodes ont changé depuis les années 1990. Aujourd’hui, les espèces dominantes sont plus petites ». Anchois et sardines ont donc moins à manger, et disposent de moins d’énergie pour leurs deux grandes occupations : grossir et se reproduire. « Les animaux ont deux stratégies dans ce cas : soit ils remettent la reproduction à plus tard, soit, à l’inverse, ils la privilégient, quitte à moins grossir et à mourir plus tôt. En général, les espèces à vie courte adoptent la seconde. C’est le cas des sardines et des anchois. D’ailleurs, on voit qu’ils se reproduisent plus jeunes qu’avant. »

Et pourquoi les copépodes sont-ils plus petits ? L’étude ne va pas jusque-là pour l’instant. Il faudra observer plus finement le plancton de Méditerranée et corréler ces résultats avec d’autres campagnes. Toutes les hypothèses sont sur la table, du réchauffement de l’eau jusqu’à la pollution par les eaux du Rhône. (...)