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En Roumanie, la protestation populaire continue contre le gaz de schiste
Des nouvelles de Pungesti, 3 décembre à 11 heures
Article mis en ligne le 4 décembre 2013

Un jour après la violente intervention de la police roumaine contre un camp d’opposants au gaz de schiste, une manifestation à Bucarest a été réprimée. Témoignage.

Je viens de parler avec Zîna Domintean, qui a été brutalement arrêtée hier matin, lors du raid de la police militaire au camp de résistance anti-fracking. Depuis, elle a été relâchée, mais deux fichiers à son nom ont été ouverts par la police. Elle est donc de retour, et voici ce qu’elle rapporte :

« Nous sommes sous le coup d’une loi martiale qui tait son nom. La police militaire bloque encore toutes les routes d’accès à la ville. Vingt personnes ont été tabassées jusqu’à maintenant. Il y a des patrouilles en permanence, partout, qui intimident et menacent la population. Elles forcent les petites boutiques à fermer, et intimident quiconque essaie de nous aider. Les enfants ne peuvent pas aller à l’école, les malades ne peuvent pas aller chez le médecin. L’accès de la presse est strictement interdit ! Certains habitants déclarent avoir été battus alors qu’ils allaient ramasser du bois dans leur propre forêt. C’est comme vivre sous l’occupation en temps de guerre ! S’il vous plaît aidez-nous, et partager ces informations ! »

Toutes les personnes arrêtées ont été relâchées depuis hier, mais toutes ont écopé d’amendes au montants fantaisistes, allant de 200 ron - environ 50 euros - à 1500 ron - 370 euros, ce qui est à peu près le montant d’un salaire mensuel. Je le répète, ils ont été arrêtés sur une propriété privée où le camp est installé, terrain qui n’a rien à voir avec le terrain loué par loué par la compagnie Chevron (location, établie sur la base d’un document de propriété abusif, de la terre du maire Pungesti, qui fait maintenant face à des poursuites de la part la seule institution défendant encore en Roumanie, dans une certaine mesure, la notion de justice).

Nouvelles de Bucarest

Par solidarité avec Pungesti, de nombreuses personnes sont descendues dans les rues, la nuit dernière, à Bucarest. Mais cette solidarité est surtout l’expression d’un ras le bol contre le gouvernement. Par une marche spontanée, les manifestants demandaient la démission de ses membres (les événements de Pungesti sont juste la goutte d’eau qui fait déborder le vase déjà rempli à ras-bord d’une liste sans fin d’abus et de décisions prises à l’encontre de l’intérêt de la population roumaine, de défis constants à l’opinion publique et au dialogue social). (...)

Les médias, et en particulier les chaînes d’information ont biaisé le rapport sur les événements, adoptant comme vérité le discours de la police anti-émeute. Les manifestations spontanées de nuit dernière ont été à peine couverte par les médias.

En outre, ce matin, aucun média n’a été autorisé à entrer dans la zone où se trouvait le camp. Seulement, plus tard, les forces de l’ordre ont autorisé quelques représentants des médias "de justice" (favorables au gouvernement) à entrer dans le camp, mais séparément, pas tous ensemble. L’Agence France-Presse a un envoyé sur place, pas un journaliste, mais un photographe, qui s’est faufilé à l’intérieur du camp. La présence des médias internationaux, est vraiment nécessaire. Elle permettra d’éviter un peu les abus les plus grossiers. La police anti-émeute est allée jusqu’à menacer les enfants dans les écoles en leur disant qu’ils seront sanctionnés par de mauvaises notes si elles ne disent pas à leurs parents d’être en faveur du projet et d’arrêter de protester.

S’il vous plaît partagez ces informations ! Partagez-les également avec les organismes des droits de l’homme que vous connaissez !

Le peuple roumain besoin de votre soutien, pas uniquement à propos de la fracturation hydraulique, juste en ce moment, il s’agit des droits démocratiques de base, de la liberté d’expression et des droits de l’homme.