
Le « plus grand bidonville de Marseille » a été évacué le 18 juin, dans un contexte marqué par le lynchage d’un jeune Rom en région parisienne.
Les 400 personnes qui y résidaient avaient déjà quitté les lieux. Seule la moitié sera temporairement relogée, malgré les engagements du gouvernement. Les autres familles sont parties en quête d’un nouveau terrain où s’installer. Elles peuvent cependant s’appuyer sur des associations dont certaines plaident pour une viabilisation temporaire des bidonvilles. L’autorité publique, elle, reste sur son credo : les « campements illicites » doivent être démantelés. (...)
Une expulsion que les travailleurs sociaux et les militants associatifs qui ont passé des mois sur le site aux côtés des familles acceptent mal. « Ce terrain appartient à une collectivité territoriale, rien ne va y être fait dans les mois à venir, il n’y a pas de riverains autour, résume Caroline Godard. Pourquoi est-il si urgent de déloger ces gens ? ». Dans les rangs des militants présents, on dénonce « la politique municipale de la race » [1] à l’oeuvre, ici comme ailleurs en France, dès qu’il s’agit de gérer la « question Rom ». D’après les associations, ils sont environ 20 000 à vivre dans des bidonvilles en France. Dont à peu près 4 000 en PACA, 2 500 dans le département et 1 500 à Marseille, ville de 800 000 habitants. « Qu’on ne vienne pas nous dire qu’il n’est pas possible de trouver une solution pour un si petit nombre de personnes ! », s’énerve Jean-Marc Coppola, tête de liste du Front de gauche aux dernières municipales.
S’installer, être chassé, fuir, se planquer, se réinstaller...
En l’occurrence, la « solution » est simple : se disperser au gré des exigences contradictoires des autorités et du travail de fourmi des associations. Dix-huit familles, inscrites dans des « parcours d’insertion » sont relogées en hôtel en attendant de se voir attribuer un logement stable. Huit autres comprenant des enfants en bas-âge, des femmes enceintes ou des personnes malades, sont aussi placées en hôtel ; la Fondation Abbé Pierre reloge six familles qui étaient suivies par Médecins du monde. Et mercredi soir, une dizaine d’autres avaient trouvé refuge à l’Eglise Saint-Michel, dans le centre de la ville. Soit autour de 40 familles relogées, au moins provisoirement.
Restent donc entre 200 et 250 personnes, enfants compris, sans toits. Et ce malgré la circulaire du 26 août 2012 qui oblige les autorités à « proposer des solutions d’accompagnement », notamment un hébergement, aux personnes évacués de « campements illicites » (...)