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Entretien Etienne Chouard avec Kaizen magazine (Colibris), suggestions démocratiques pour les municipales : l’auto-institution de notre société
Article mis en ligne le 11 mars 2014
dernière modification le 8 mars 2014

Les élections municipales concernent des petits territoires : est-ce une bonne échelle pour agir, pour que les citoyens prennent en main la politique, au sens de la gestion de la cité ?

Oui, c’est la bonne échelle… Enfin, ce serait la bonne échelle si l’on avait de bonnes institutions. À ce jour, l’expression de la volonté générale est faussée, dévoyée, trompée par des instituions qui rendent impossible l’expression d’un vrai choix. Ce n’est plus une question d’échelle, c’est autre chose. Le « choix » entre deux crapules — non, ne soyons pas « populiste », disons : entre deux traîtres vendus aux plus riches — est une escroquerie aussi bien au niveau local qu’au niveau national.

Mais l’échelle de la commune ne permet-elle pas de choisir des personnes qui ont la confiance des citoyens, qui sont plus accessibles ?

Certes, c’est au niveau local qu’on rencontre encore quelques spécimens de vrai dévouement, mais je pense qu’on peut aller plus loin que l’élection de maîtres que les « élus » nous imposent depuis deux cents ans : on peut s’organiser pour voter plutôt nos lois. Comment ? De simples citoyens pourraient composer des listes qui ne soient pas constituées de professionnels de la politique, et qui s’engageraient tous à ne jamais décider à la place des autres. La partie la plus délicate sera sans doute de trouver dans un quartier une trentaine de personnes fiables. Ces simples citoyens démocrates, donc, s’engageraient formellement et explicitement (dans leur programme officiel) à toujours réunir l’Assemblée villageoise ou de quartier sur les choix importants que doit faire la ville, pour que le peuple (y compris ceux qui n’ont pas voté démocrate, bien sûr) puisse voter lui-même ses lois. L’exemple des cantons suisses qui fonctionnent sans conseil municipal montre que c’est tout à fait possible : le seul obstacle à la démocratie, c’est que les « élus » la refusent et que nous laissons les « élus » écrire la constitution. (...)

Pour avoir des institutions comportant un quorum, donc — (ainsi que les quelques règles essentielles qui protégeraient efficacement le peuple contre ses représentants : élection sans candidats et/ou scrutins à points, respect du vote blanc, révocabilité des acteurs, obligation de rendre des comptes, chambres de contrôles tirées au sort, information et monnaie sous contrôle citoyen, référendums d’initiative populaire) —, il faudra écrire ces institutions nous mêmes. Le jour où les hommes éteindront leur télé et s’entraineront enfin à rédiger et protéger eux-mêmes leur Constitution, l’histoire humaine prendra un nouveau chemin, moins favorable aux affreux. Ce n’est pas une utopie puisque ça ne dépend que de nous.