
Quel rapport entre l’espéranto, langue construite, et la décroissance raisonnée, durable, ou l’alter-croissance ?
Uniquement le sentiment personnel d’une certaine analogie.
Récemment, sur Arte, le reportage "Survivre au progrès" s’interrogeait sur la croissance. La Terre est toujours apparue aux hommes comme un monde aux ressources illimitées, mais chacun est maintenant conscient que tout ce qui paraissait inépuisable - pétrole, poissons, minerais, forêts - existe en quantité finie, parfois renouvelable sous certaines conditions,
Après ce constat, divers intervenants contestaient l’idée, pourtant fortement enracinée dans notre civilisation, que le progrès apporterait la solution à tous les problèmes qu’il avait engendrés.
Il faudrait pour cela des progrès qui n’entrainent pas eux-mêmes de nouveaux dégâts, sans quoi c’est une course sans fin.
Ce n’est pas impossible, mais rien ne le prouve. Inversement, il est évident que nous sommes en grand danger en voulant continuer à vivre de la même façon (...)
faire de la langue nationale de 5% de la population mondiale une langue internationale est une grande injustice sociale, économique, scientifique et humaine.
Toutes ces solutions au mur de Babel ont comme point commun le déni du constat d’échec actuel, une foi inébranlable dans le toujours plus, malgré des investissements financiers et humains énormes depuis un siècle, et d’être situées dans l’avenir, tout à fait comme le culte de la croissance. C’est pas terriblme actuellement ? Il faut faire plus, et ça ira mieux demain !
Inversement, l’espéranto est non pas une régression, mais la recherche d’une autre voie.
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Comme la décroissance ou l’altercroissance, ses preuves et ses succès sont négligés ou rejetés (congrès annuels, témoignages, avis de nombreux experts au cours du 20e siècle), sa réalité même est niée (« langue morte »). Comme le bio ou le solaire, ses progrès sont lents et se font dans l’adversité ou la moquerie, comme on a jadis plaisanté sur René Dumont et tous les précurseurs de l’écologie. (...)
Comme pour tous les mouvements alternatifs, c’est à l’échelle des citoyens et rarement à celle des institutions que s’accomplissent ces changements. L’espoir demeure pour l’espéranto (étymologiquement « celui qui espère »), finalement un jeunot pour une langue, avec ses cent et quelques années ; il ne tient qu’à chacun qu’il accomplisse son destin de « langue équitable ».
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