
Nadine Labaki présentait mardi en avant-première son dernier film « Et maintenant, où on va ? » devant un public presque conquis dès la scène d’ouverture chorégraphiée, où des femmes marchent telle une armée, unies dans la douleur.
La coïncidence du calendrier a fait que quelques heures auparavant, j’assistai au lancement du programme « Tagore, Neruda, Césaire : pour un universel réconcilié » à l’Unesco. Si j’en parle, c’est que les deux sujets se sont miraculeusement rejoints et se sont imposés à moi comme une évidence autour du thème de l’humanisme. Car c’est bien de cela que traite ce film : d’un universel réconcilié.
Nadine Labaki a eu l’idée de ce film il y a déjà deux ans, en mars 2008, alors qu’elle était enceinte de son premier enfant, et que des violences éclataient à nouveau entre les partisans du Mouvement du 14 mars et ceux du Hezbollah. (...)
La magie de ce film c’est qu’il importe peu que cela se passe au Liban. D’ailleurs le mot n’est volontairement jamais prononcé : il s’agit d’un conte humaniste, d’un espace temporel qui pourrait se trouver partout et nulle part à la fois. Le récit commence d’ailleurs ainsi : « Cette histoire, je vais la raconter à ceux qui veulent l’écouter… »
Interrogée sur ce point, Nadine Labaki explique que c’est avant tout un film de femmes debout face à l’adversité, unies dans leur malheur. Et elle ajoute : « Je ne suis pas vraiment féministe. » C’est un film qui met en avant l’idéologie de l’amour maternel plus fort que tout.
D’ailleurs, elle souligne elle même qu’elle n’aurait certainement jamais écrit ce film si son instinct de mère ne s’était pas éveillé. Jusqu’où sommes-nous prêtes à aller pour défendre ce qui est né de nos entrailles ?
Ces femmes ne sont pas des actrices professionnelles. Elles sont le résultat d’une longue recherche de la réalisatrice, qui s’est amusée à faire des castings sauvages dans plusieurs villages, jusqu’à avoir un coup de cœur pour chacune d’entre elle.
Au lieu d’interpréter un rôle, elles ont joué le leur. (...) Wikio