
extrêmement préoccupés par l’état d’urgence décrété en Turquie pour une période de trois mois à la suite de la tentative de coup d’État du 15 juillet, au cours de laquelle des centaines de civils, de soldats et de policiers ont perdu la vie. L’état d’urgence permet au président et au Conseil des ministres de gouverner par décret, sapant ainsi les principes démocratiques. Cet état d’urgence suspend également « en tout ou en partie » l’exercice des droits humains et des libertés fondamentales, y compris les obligations de la Turquie en vertu de la Convention européenne des droits de l’Homme.
Nos organisations réaffirment que la stabilité ne peut être restaurée qu’en maintenant les droits humains et l’État de droit.
Nos organisations expriment leurs préoccupations quant aux représailles aveugles du gouvernement tant à l’encontre du personnel militaire et judiciaire, avec l’arrestation expéditive de plusieurs milliers de personnes prétendument impliquées dans le coup d’État, que des journalistes et des voix critiques au sein de la société civile turque, avec notamment l’interdiction générale de voyager pour les universitaires.
Jusqu’à présent, environ 50 000 fonctionnaires publics ont été suspendus de leurs fonctions et plusieurs écoles, fondations et universités ont été prises en charge par le gouvernement. De la même manière, des dizaines d’associations et de médias ont fermé leurs portes. Toute personne arrêtée doit se voir reconnaître ses droits tels qu’entérinés par le droit international et les autorités turques doivent être tenues responsables de leur sécurité et de leur protection. Des enquêtes doivent être réalisées dans le respect de l’État de droit. Les voix critiques doivent continuer de pouvoir s’exprimer librement dans l’espace public. (...)
Bien que condamnable, la tentative de coup d’État ne doit pas servir de prétexte aux autorités turques pour fragiliser la démocratie, l’État de droit et les droits humains, ainsi que pour renforcer l’autoritarisme actuel et affaiblir davantage la situation des migrants sur son territoire.
Nous en appelons à la communauté internationale, en particulier à l’Union Européenne, à rester en alerte et à exhorter la Turquie à se conformer à ses obligations internationales. Les intérêts géostratégiques ne doivent pas prendre le pas sur le respect de l’état de droit et des droits humains. (...)