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Inf’OGM
États-Unis – Des agrocarburants OGM dans l’alimentation humaine
Article mis en ligne le 3 juin 2017

"La contamination de cultures non OGM par des OGM est inévitable », constate Inf’OGM depuis une quinzaine d’années. En voici un nouvel exemple, avec la découverte, dans la chaîne alimentaire humaine, du maïs Enogen de Syngenta, génétiquement modifié pour servir d’agrocarburant. Détails de ce dossier où Syngenta semble vouloir fuir ses responsabilités.

Du maïs génétiquement modifié destiné à la production d’éthanol, baptisé Enogen (voir encadré ci-dessous), s’est retrouvé dans des silos destinés à l’alimentation humaine. L’alerte a été donnée par Derek Rovey, propriétaire d’un silo dans le Nebraska. Il a annoncé récemment que certains de ces clients, maïsiculteurs, dont les cultures avaient été contaminées par des gènes issus du maïs transgénique Enogen, mis au point par Syngenta. Il a aussi retrouvé cet OGM dans des farines de maïs. Même son de cloche chez B.J. Katzberg, un vendeur de semences de maïs, qui raconte qu’un de ses clients a dû abandonner 635 tonnes de maïs blanc. L’origine de la contamination n’est pas connue, mais Derek Rovey précise que certains champs contaminés étaient voisins de champs « Enogen ». Enfin, Lynn Clarkson, président de Clarkson Grain, toujours dans le Nebraska, a lui aussi témoigné de la présence d’Enogen dans des lots de maïs. Interrogé par Inf’OGM, il nous précise que « désormais il n’acceptera plus de maïs alimentaire issu de champs situés à moins d’un mile [1] d’un champ Enogen ».
La perte économique est importante pour les agriculteurs contaminés qui doivent vendre leur maïs moins cher, sur les marchés de l’alimentation animale ou de l’éthanol. Et pour l’agriculteur certifié « bio », la perte est encore plus importante car les OGM sont interdits dans cette filière. (...)

Un marché en hausse, malgré la forte opposition des meuneries

En mai 2017, Syngenta annonçait dans un communiqué de presse qu’environ 40 % du maïs cultivé aux États-Unis étaient destinés à la production d’éthanol [2]. Les agriculteurs qui cultivent ce maïs, ainsi que 20 usines de production d’éthanol dans neuf états, sont sous contrat avec Syngenta.
En 2011, un article du New York Times présentait l’opposition des meuniers industriels et de l’agro-alimentaire. Ces derniers craignaient en effet déjà des contaminations des maïs destinés à l’alimentation humaine avec le maïs Enogen. Ces opposants ne sont pas des militants anti-OGM et sont plutôt, en règle générale, favorables aux biotechnologies. (...)

Syngenta est actuellement visée par plusieurs actions en justice aux États-Unis initiées par des agriculteurs qui reprochent à l’entreprise d’être responsable des pertes subies en raison de l’embargo chinois sur le maïs étasunien. À l’origine du litige, le maïs MIR162 Agrisure Viptera [7], qui s’est retrouvé dans les exportations à destination de la Chine en 2013 et 2014 alors qu’il n’était pas autorisé dans ce pays. En réaction, la Chine a décidé de suspendre les importations de maïs américain. Pour les agriculteurs qui ne cultivaient pas ce maïs et exportaient vers la Chine, les pertes économiques sont considérables. De telles pertes ne sont jamais prises en compte dans la balance économique des OGM.