
La guerre en Ukraine a bouleversé la donne énergétique européenne. Pressé par Washington, le Vieux Continent a brutalement décidé d’interrompre son commerce gazier avec Moscou. Il devient ainsi la proie des marchands américains de gaz naturel liquéfié. Une nouvelle manche s’ouvre dans un très ancien conflit entre les États-Unis et la Russie
l faut remonter à l’embargo pétrolier arabe de 1973 pour retrouver un événement énergétique comparable à la crise des hydrocarbures déclenchée en Europe dans le sillage de la guerre en Ukraine. En premier lieu, les sanctions décrétées par l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), le G7 et l’Union européenne contre la Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022, visent le plus gros exportateur mondial, tous hydrocarbures confondus.
Deuxièmement, la Russie dispose du droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies et peut bloquer la légitimation internationale des sanctions à son encontre par cette instance. Troisièmement, sa puissance nucléaire la préserve d’un éventuel blocus militaire et lui permet de protéger ses richesses énergétiques, contrairement à l’Irak et à la Libye dans le passé. En dernier lieu, les Occidentaux n’ont pas convaincu le reste du monde, notamment le Brésil, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, qui, avec la Russie, forment les Brics, de les suivre dans cette action punitive.
Pour la première fois, apparaît au grand jour une rivalité gazière entre les deux plus gros producteurs au monde : la Russie et les États-Unis, avec l’énorme marché européen comme enjeu. Ce duel dure en réalité depuis plus de soixante ans. (...)