Une révolution est un train de se dérouler sous nos yeux. Une sorte de nouveau Serment du Jeu de paume. Les cinq candidats à la Présidence de la Commission Européenne se sont engagés sur le fait que l’un d’eux serait effectivement le prochain Président de la Commission Européen. Le Conseil Européen se trouvera-t-il ainsi dépassé par un nouveau pouvoir, celui des citoyens européens ?
C’est une première historique sur des chaînes de télévision accessibles à tous que le débat électoral soit maintenant supranational pour les élections européennes et cela montre à l’évidence qu’il y a un réel enjeu.
De gauche à droite sur l’écran, participaient à la soirée : le Grec Alexis Tsipras, représentant de la gauche radicale, la jeune Allemande Ska Keller, représentante des écologistes, l’Allemand Martin Schulz, Président du Parlement Européen sortant et représentant des socialistes et sociaux-démocrates, l’ancien Premier Ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, représentant du PPE (centre droit), et enfin, l’ancien Premier Ministre belge Guy Verhofstadt, représentant des centristes (libéraux et démocrates). (...)
à la fin du débat, amorcé par Guy Verhofstadt, mais repris en chœur par ses quatre autres concurrents, l’idée que le futur Président de la Commission Européenne serait parmi eux cinq a été admise. C’est un énorme pas dans la démocratisation de l’Union Européenne.
Dans les textes (le Traité de Lisbonne), c’est le Conseil Européen (donc, les chefs d’État et de gouvernement des vingt-huit États membres) qui désigne le nouveau Président de la Commission Européenne. Jusqu’à aujourd’hui, cette désignation s’est toujours faite dans l’opacité la plus regrettable, avec des compromis qui sont loin de donner à l’Europe un véritable manager. Comme l’a rappelé dans "Les Échos" le directeur des études de la Fondation Robert Schuman, Thierry Chopin : « Une union de cinq cent millions de citoyens ne peut se passer de leadership. ».
Or, grâce au Traité de Lisbonne que beaucoup, en France, semblent contester, le Parlement Européen a désormais le pouvoir, le réel pouvoir, de rejeter le choix du Conseil Européen. C’est donc avec émotion qu’on pouvait entendre les chefs de file de tous les groupes prêts à s’investir dans le travail européen refuser clairement un éventuel diktat issu du Conseil Européen. Un peu à la manière de l’arrivée du Cartel des gauches en 1924 et de l’épreuve de force entre Alexandre Millerand et Édouard Herriot.
La question sera évidemment : est-ce tout le monde, de ces candidats, ira jusqu’au bout de cette logique institutionnelle ? L’enjeu est pourtant énorme : si le Conseil Européen réussissait à choisir une autre personnalité, dite de compromis comme toujours, cela signifierait qu’il se coucherait sur le suffrage universel, sur les cinq cents millions d’Européens qui auront élu leurs 751 députés européens. (...)