
« Touche pas au grisbi ! ». Cette réplique des Tontons Flingueurs est bien connue dans les couloirs de la rédaction du Monde dès qu’il s’agit d’aborder la question européenne. Une étude menée par Acrimed montre clairement que les économistes interrogés à ce sujet par le quotidien sont favorables à la construction européenne telle qu’elle se fait. C’est incontestable : les analyses dissonantes sont bannies des colonnes du Monde et les économistes qui travaillent pour des banques y ont pignon sur rue. Chasse gardée, donc.
(...) Sur cette période (du 1er janvier au 31 mars 2015), 37 « économistes » se sont ainsi réparti 75 invitations. Ce qui donne le graphique suivant (...)
– Le premier constat est terrible : seulement trois femmes apparaissent parmi les 37 « économistes » conviés. Et elles ne cumulent au total que quatre apparitions sur 75, soit à peine 5% des invitations ! Pourtant, même si à l’université la profession est plutôt masculine, elle se compose tout de même pour un tiers de femmes [4]. À n’en pas douter, pour le quotidien vespéral, la question européenne doit être une spécialité d’hommes [5].
Ensuite, chaque économiste a été affecté à l’une des catégories suivantes :
– banque : travaille pour une banque (14 économistes)
– business : employé d’une société d’assurance ou d’une société au service des banques et/ou des entreprises (6)
– institution pro-euro : employé de la BCE (Banque Centrale Européenne), d’un institut patronal ou d’une agence de notation (4)
– pro-euro : économiste favorable aux dogmes bruxellois, parfois universitaire ou membre d’une école de commerce (6) [6]
– dissonant : économiste opposé à la liturgie de la zone euro (4)
– autre : économiste dont les prises de positions ne peuvent pas le classer dans l’une de ces catégories (3) (...)
Ce deuxième résultat est accablant : 71% des économistes invités par Le Monde pour traiter de la politique de la zone euro sont membres des banques, de grandes entreprises ou de la BCE. Quand d’autres économistes sont conviés, on constate qu’ils sont pour l’essentiel favorables à la doxa libérale (12%).
– Enfin, seules 5% des apparitions d’économistes représentent des points de vue critiques à l’orientation actuelle de la politique de l’Union Européenne. (...)