
On ne le répétera jamais assez, une expulsion est toujours une violence. Même quand elle débouche sur un relogement. On est encerclé-e par la police, forcé-e à quitter forcé de quitter son abri et le lieu où bon an mal an on a établit des repères et une certaine impression de sécurité, on est trié-e, contraint-e de monter dans des bus, et on ne sait jamais vraiment où ces bus vont nous mener. Et ça c’est la version soft, sans violences physiques, sans destruction des effets personnels, sans arrestation. On peut imaginer d’autres manières d’accéder à un logement.
La ville de Paris et l’État ont mis en place porte de la Chapelle un dispositif « spécial migrant-e-s » d’accès à l’hébergement, hors des circuits de droit commun permettant l’accès à l’hébergement d’urgence pour les sans-abri, à une protection pour les mineur-e-s en danger, à la demande d’asile et au dispositif d’hébergement correspondant.
Mais ce lieu, 400 places sur place plus une structure d’accueil pour les personnes vulnérables à Ivry, est ridiculement sous-dimensionné, et engorgé par le manque de solutions d’hébergement en aval. C’est aussi un lieu de tri des personnes, donnant lieu à des pratiques dont la légalité est questionnée.
Alors des gens dorment dehors aux alentours, des bivouacs et des campements se forment.
Et puis un jour on les expulse. Tout-à-coup on a trouvé les places d’hébergement qui manquaient cruellement auparavant, et dont la disponibilité aurait permis – dans la mesure où elles sont adaptées aux besoins – d’héberger sans violence.
Expulsion donc ce 9 mai au matin, porte de la Chapelle. La précédente avait eu lieu le 9 mars, sans parler des plus petites opérations de déguerpissement. Entre les deux des conditions de vie indignes aux marges de la ville. Lesquelles réapparaîtront demain – ce soir même – un peu plus loin au besoin, en attendant la prochaine expulsion. (...)