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Futura Sciences
Face à la sécheresse, la Californie va boire ses égouts
Article mis en ligne le 7 novembre 2015
dernière modification le 2 novembre 2015

Confrontée à une sécheresse sans précédent, la Californie se prépare à un recyclage massif des eaux usées. Plusieurs projets sont en cours et la population, jusque-là réticente, se fait à cette idée.

(...) après quatre années d’une sécheresse brutale, les Californiens ne peuvent plus se permettre de faire les difficiles. La fonte des neiges de la Sierra Nevada, une source majeure d’eau potable dans l’État le plus peuplé du pays, est quasiment réduite à néant. L’eau importée du fleuve Colorado est de plus en plus disputée entre plusieurs États, et donc plus rare. « Tout le monde étudie maintenant le recyclage des eaux », constate George Tchobanoglous, un expert du sujet qui enseigne à l’université de California Davis. « Nous déversons dans l’océan une grande partie de ces eaux usées que nous pourrions utiliser. C’est faisable et rentable dans de grosses agglomérations côtières », comme celles de Los Angeles, Santa Barbara, etc., ajoute-t-il. D’après lui, même à San Diego, l’opinion publique est prête, car de récents sondages montrent 76 % de réactions favorables au recyclage de l’eau à but potable, comparé à 23 % dans les années 1990.

Le recyclage d’eaux usées pour arroser des cultures ou des pelouses était déjà largement adopté en Californie, mais il s’agit ici d’aller plus loin. (...)

La technologie, qui traite les eaux usées provenant des toilettes, douches, machines à laver le linge ou la vaisselle, est déjà utilisée au Texas, un état également confronté à d’intenses sécheresses. Les partisans de cette technologie mettent en avant l’exemple de l’usine d’épuration d’Orange County, au sud de Los Angeles, qui a ouvert en 2008 pendant une précédente sécheresse et traite 378 millions de litres quotidiennement, soit assez pour desservir 850.000 personnes. (...)

Pour mieux faire avaler la pilule aux nombreux Californiens qui se bouchent le nez à l’idée de boire de l’eau recyclée, ces usines ne fournissent pas l’eau directement au consommateur, comme c’est le cas au Texas. Elles la réinjectent d’abord dans les nappes phréatiques, d’où elles sont ensuite pompées par les agences de distribution d’eau. (...)

Le résultat donne une eau aussi pure, voire plus, que l’eau purifiée vendue en supermarché. Si pure qu’il faut lui réinjecter un peu de minéraux pour le goût et pour qu’elle n’érode pas les canalisations. Même la Nasa utilise la technologie sur la Station spatiale internationale, où des équipements spéciaux collectent l’urine et la transpiration des astronautes pour produire de l’eau pour le café ou se brosser les dents.

Le coût est un facteur qui pourrait aussi contribuer à améliorer l’image des eaux usées : « l’eau en bouteille est de l’ordre de 10.000 fois plus chère sans que sa qualité soit nécessairement meilleure », affirme Ron Wildermuth, porte-parole du West Basin. « Il y a un jour ou deux cette eau, c’était un égout. Maintenant c’est une eau de la meilleure qualité qu’on puisse trouver », conclut-il en attrapant un échantillon, avant de l’avaler.