
A Bordeaux, Emmanuel Macron arrive en tête devant Jean-Luc Mélenchon. Marine Le Pen est loin derrière, mais cartonne dans le nord de la Gironde. Lors d’une manif nocturne « contre la mascarade électorale », des militants de gauche ont dit leur rejet des deux qualifiés pour le second tour de la présidentielle. Reportage.
(...) 22h, place Saint-Michel contre la « mascarade électorale »
La réaction face à la montée du Front national ne s’est pas faite attendre. La gauche privée de deuxième tour et les anars ont voulu dire leur colère ce dimanche soir « contre la mascarade électorale ». Vers 22h, plus d’une centaine de personnes quittent la place Saint-Michel vers la Victoire, aux cris de « Bordeaux lève toi ! ». Les pétards sont bruyants, mais l’ambiance bon enfant – à l’image du chant « Si t’as honte d’être Français tape dans tes mains » -, et les propos mordants.
(...)
« Le Pen, Macron, même combat », scandent ainsi les manifestants, dont beaucoup de membres des collectifs nés du mouvement contre la loi Travail. Pas question en effet pour ces militants anti-capitalistes de soutenir « le banquier », ardent défenseur du texte de Myriam El Khomri lorsqu’il était au gouvernement Valls. Max, chauffeur de 28 ans, n’a pas voté au premier tour, et récidivera au deuxième.
« Je voulais voter Poutou, j’ai finalement voté utile avec Mélenchon, mais ça n’a pas marché, indique Julien, restaurateur de 29 ans. Et là, Macron, ce n’est pas possible, c’est un mafieux qui travaille pour le système, rien ne changera. »
Natanaëlle, 42 ans, qui a toujours « voté rouge », avait aussi pris sur elle en votant « pour un socialiste », Jean-Luc Mélenchon. « Mais là, je rentre dans la résistance, et je marche dans les pas de mon grand-père », un Républicain espagnol fusillé par les franquistes, raconte la jeune femme. Artisan au RSA, elle déclare « faire partie des 9 millions de pauvres en France », et regrette le triomphe du candidat de la « médiacratie ».
Place de la Victoire, la rue Sainte-Catherine est barré par les CRS à la manifestation nocturne. Celle-ci emprunte un détour, avant d’être pris dans la nasse rue Paul-Louis-Lande. La police arrête deux manifestants pour des contrôles d’identité. Ce qui reste du cortège rallie la place de la Victoire pour se disperser dans le calme, et sans dégradations sur son passage.