
Le MRAP a condamné dès samedi matin les horribles attentats de vendredi dernier, revendiqués par Daesh, qui ont fait au moins 129 morts et 200 blessés. Il réaffirme son entière solidarité avec les familles et les amis des victimes si durement éprouvés et, comme des millions de Français et Françaises, partage leur douleur.
Au delà de la colère et de l’émotion, il nous faut réaffirmer un certain nombre d’idées.
Nous devons refuser tout amalgame, toute stigmatisation et rejeter avec force toute utilisation de cette tragédie à des fins racistes ou xénophobes.
Des mesures sont nécessaires pour assurer la sécurité des populations. Elles ne doivent en aucun cas permettre des atteintes aux libertés individuelles et publiques, à la liberté de réunions ou de manifestations.
Dès maintenant nous devons, dans la sérénité, réfléchir sur les causes de telles monstruosités. (...)
Les attentats de Paris s’inscrivent dans la suite des attaques de janvier dernier contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, contre le musée du Bardo ainsi qu’à Sousse en Tunisie et à ceux plus récents de Charm el-Cheikh et de Beyrouth. Ils font écho aux tragédies que vit le Moyen-Orient (Liban, Syrie, Irak, Turquie, Palestine...).
Comment dissocier ces attentats de ce qui se passe au Moyen Orient, en Afrique ? Comment faire abstraction de la politique dans laquelle la France s’est engagée avec des interventions militaires à répétition ? (...)
Daesh s’est construit sur le chaos qui règne au Moyen Orient et notamment en Irak. Les Kurdes, avec l’aide de l’Armée Syrienne Libre, ont fait reculer Daesh après le siège de Kobané mais pendant toute la durée de cette bataille, ils ont crié en vain au monde « aidez nous ». Aujourd’hui encore, ce sont les Kurdes d’Irak qui viennent de libérer Sinjar.
Personne n’a voulu les entendre, comme personne n’a voulu entendre les démocrates Syriens qui demandaient depuis 2011 de l’aide contre Bachar al-Asad, qui a favorisé le développement du monstre contre lequel il se présente comme un rempart. Pire, aucune mesure n’a été prise contre les Etats qui aident directement ou indirectement Daesh : Arabie Saoudite, Qatar, Turquie. (...)
La lutte contre le terrorisme impose de changer de politique internationale. La guerre n’est pas la solution. Il faut agir en amont afin que ne se présente plus à nous le cruel dilemme « intervention ou massacres ». Il faut privilégier les solutions politiques et en cas d’impérieuse nécessite agir uniquement sous mandat et contrôle de l’ONU. Enfin, il faut construire un monde plus juste, plus , plus égalitaire, basé sur la coopération et non la domination. C’est ainsi que seront éradiquées les racines du terrorisme.