
Il serait absurde de sortir soulagés du deuxième tour des régionales. Si, en apparence, les résultats semblent avoir évité le pire, l’extrême droite a assis sa présence. De plus en plus de citoyens rejettent les partis traditionnels et émettent un fort doute sur la capacité de nos institutions de répondre aux dommages sociaux, économiques, culturels et humains. Il s’agit d’une crise profonde de la démocratie à laquelle le FN ne saurait être une solution.
Bien avant les événements dramatiques du mois de novembre, le rejet des gouvernements imposant leurs choix néolibéraux était de plus en plus manifeste. Aujourd’hui, la solution n’est pas dans le renforcement d’un pouvoir autoritaire ou d’un leader charismatique. Au contraire, seule une refondation démocratique qui puise dans la vitalité de la société française peut offrir des solutions efficaces et adaptées aux problèmes dans lesquels s’enfonce le pays.
Rétablir la citoyenneté, réaffirmer l’opposition à une Europe néolibérale, reconstruire la souveraineté du peuple, autant de principes qui ne peuvent être portés dans le cadre du système politique actuel. La démocratie est le pouvoir du peuple, elle ne peut se redéfinir que par l’expression des citoyens. Elle impose une mobilisation populaire, la création immédiate de nouveaux espaces d’expression et de décision.
Pour lancer ce processus vital pour la nation, nous appelons les citoyens à s’engager dans un processus de refondation, par eux-mêmes, de la démocratie. Dans un premier temps, nous les appelons à exprimer leurs volontés en rédigeant des cahiers d’exigences, à se réunir en cercles locaux pour les écrire en commun, selon les modalités qu’ils trouveront les plus appropriées (recueil de textes, lettres ouvertes, listes de demandes, etc.).
Il s’agit de reconquérir l’espace de la parole démocratique mise à mal par la technocratie, la société de la marchandise et du spectacle. Il s’agit de tisser de nouveaux liens entre des citoyens trop souvent tétanisés par le sentiment trompeur de leur isolement bien qu’ils soient des millions à souhaiter une réinvention de la vie politique. (...)