
L’intelligence artificielle va toujours plus loin, comme le montre ChatGPT. Pour l’ingénieur Cédric Sauviat, de l’Association française contre l’intelligence artificielle, c’est un danger, l’appât du gain risquant de l’emporter sur les droits humains.
Le développement de l’IA ne s’arrêtera pas avant d’avoir doté la machine de toutes les aptitudes de l’être humain. En d’autres termes, la perspective d’une « auto-limitation » de la recherche technologique à des applications dites spécialisées plutôt que la mise au point d’une IA généraliste, ne constitue pas une hypothèse crédible. Même si, individuellement, bon nombre de chercheurs gardent une ambition modeste et étroitement cantonnée (par exemple la reconnaissance de tumeurs cancéreuses), leur éthique personnelle, leurs scrupules et leurs précautions n’auront aucune influence sur le cours des choses.
L’IA a pour effet – sinon pour but – de substituer la machine à l’humain partout où c’est possible , et donc, en vertu de ce qui précède, de le remplacer partout. À l’heure actuelle, cette quête est économiquement rentable dans la mesure où elle est récompensée par des gains de productivité. Il s’agit donc de la poursuite d’un programme capitaliste de compétition acharnée qui a d’ores et déjà éliminé l’homme de la production manufacturière et s’étend désormais aux métiers du service, de l’art et de l’artisanat. Le développement de l’IA est incontrôlable, car aucun de ses acteurs ne peut prétendre en maîtriser l’évolution.
Les progrès parallèles de l’apprentissage machine, de l’informatique quantique et de l’électronique (nanoélectronique, microsystèmes, téléportation, mémoire Ultraram, etc.) rendent totalement imprédictibles les performances futures de l’IA. Or il n’existe à ce jour aucun organisme de régulation.
(...) De l’espionnage de la vie privée au flicage administratif, des ransomwares aux détournements vidéo, il existe une multitude de nuisances contre lesquelles le simple particulier se trouve sans défense, faute d’ailleurs de pouvoir identifier le responsable derrière la machine.
Quant aux drones et autres robots tueurs, après avoir terrorisé les populations de Syrie, ils sévissent aujourd’hui en Ukraine et figureront au menu des prochaines guerres sous des formes toujours plus abouties. Mais rassurez-vous, les gens sérieux vous confirmeront que Terminator n’est que pur fantasme ! (...)
Vous aurez compris qu’à nos yeux, appeler à davantage de régulation ne sert à rien – étant entendu que c’est la seule option disponible aux politiques puisqu’ils ne sauraient remettre en question une tendance économique de fond. En fait, seule n’aurait de sens qu’une interdiction totale de l’IA ; mais il est tout aussi évident que le monde ne s’y résoudra qu’après une expérience collective traumatisante.