
De manière inattendue, le squat La Ruche a fermé ses portes après un an d’existence dans le centre de Bordeaux. Une centaine de jeunes exilés avaient trouvé refuge avant d’être pris en charge par les institutions depuis ce matin.
A l’annonce hier de la fermeture du squat La Ruche, il y a eu des cris de joie et des applaudissements. Ce jeudi matin, les bus sont là pour prendre en charge les occupants. Soulagement et joie ne sont pourtant pas une habitude quand un squat se fait évacuer (preuve en est l’évacuation de celui de Bègles ce mardi).(...)
Un an plus après l’ouverture de La Ruche, et après plusieurs longues semaines d’impatience, de crispations, voire de blocages, une issue favorable a été entérinée ce mardi lors d’une réunion avec le collectif de militants à l’origine de sa création, Médecins du Monde et le conseil départemental de Gironde et celui régional de Nouvelle-Aquitaine. Une mise à l’abri a été décidé pour tous les occupants pour le lendemain.
Une liste de 42 personnes a été établie dont 22 sont en procédure de recours (pas mineurs pour l’administration, pas majeurs selon les jeunes hommes eux-mêmes) qui seront pris en charge par l’association du Diaconat de Bordeaux à Lormont. Les 20 autres sont dans l’attente d’expertises complémentaires, de décisions du Saemna ou des appels en justice qu’ils ont entamés. Ils sont désormais intégrés à des structures liées au département.
Sur les visages de certains, une inquiétude se lit à l’idée de perdre des amitiés, et de ne savoir de quoi sera fait l’avenir. (...)
« Avant midi, ceux dont nous nous occupons sont arrivés et plutôt soulagés d’être déjà pris en charge », indique la communication du conseil départemental.
Au même moment, le bâtiment est complètement fermé et muré.(...)
Depuis plus d’un an, le lieu avait été ouvert par un collectif de six militants pour accueillir les adolescents exilés de leurs pays d’origine et sans familles. Cette dépendance du lycée Montaigne appartenait au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine et était vite devenue le symbole d’un vide de solidarité dans les circuits administratifs.
Les jeunes qui s’y trouvaient avaient été déclarés majeurs par les services départementaux du Saemna. Ils ne pouvaient plus être hébergés par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et ne souhaitaient pas non plus appeler le 115 qui s’occupe de l’hébergement des adultes. Une grande partie d’entre-eux attendaient surtout la réponse au recours qu’ils avaient déposés. Ni mineurs, ni majeurs, ni endroit où vivre… hormis la rue.(...)
Avec ce dénouement, le collectif rappelle les soutiens reçus : les dons financiers ou en nature des citoyens, la savoir apporté des associations (Médecins du Monde, Asti, Dynam’eau, Tremplin) et des éducateurs de rue, sans oublier les institutions. (...)
Pour la suite, Aude Saldana-Cazenave de Médecins du Monde plaide pour un accompagnement pérenne de ces jeunes qui, « s’ils sont remis à la rue dans peu de temps, ils se sentiront trahis ».