
Moins d’un an à vivre. L’usine Ford Aquitaine Industrie devrait fermer en août 2019. La Ford Motor Company a déclaré dans un communiqué qu’elle ne cèderait pas le site de Blanquefort au potentiel repreneur Punch, groupe belge sous-traitant fabricant également des boites de vitesses.
Mardi, poussés par l’Etat, les salariés et les syndicats avaient accepté un accord de principe avec Punch pour faire front commun. Les collectivités locales pouvaient investir 15 millions d’euros d’aides et Punch en promettait 120 millions. Le ministre de l’économie avait à nouveau demandé au géant américain d’accepter le plan de reprise dont les bases économiques semblaient plus solides. (...)
Mais pas assez, répond ce jeudi la Ford Motor Company, dont la direction a constamment ignoré les médias ces dernières années, ne s’exprimant que par des communiqués impersonnels (...)
Surtout, Ford ne souhaitait pas laisser des volumes de productions dans les carnets de commande du potentiel repreneur, ce qui avait été fait par General Motors à Strasbourg quand l’usine avait été reprise par Punch. Pour la multinationale américaine, mieux vaut donc mettre tout le monde dehors.
La CGT accuse ces « patrons voyous » et ajoute qu’avec FO et CFE/CGC, ils » auront tout essayé pour sauver l’usine et les emplois ! » A la sortie de la réunion du comité d’entreprise où l’annonce a été faite, la colère était présente malgré la pluie qui s’abattait sur l’usine. Un feu de palettes a été allumé avant d’être rapidement éteint. (...)
C’est « une décision dramatique » commente le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine dont le président Alain Rousset, quitte à surprendre, « veut encore croire que tous les efforts engagés par les deux groupes et les représentants des salariés n’ont pas encore été vains ». Il appelle les trois parties « à tirer profit des jours qui viennent pour parvenir à une solution durable sur le plan industriel et raisonnable sur le plan social. » (...)
Du côté du département de la Gironde, le président Jean-Luc Gleyze dénonce également l’attitude de Ford : « Plutôt que de favoriser une reprise du site, ses dirigeants ont préféré organiser l’agonie de ce fleuron industriel girondin. »
Adressant son « soutien à l’ensemble des salariés et de leurs familles », il annonce son intention d’exiger de l’entreprise « le remboursement des aides perçues » (25 millions d’euros de subventions publiques depuis 5 ans).
Le député de la circonscription de Blanquefort, de la République en marche (LREM), Benoît Simian condamne également une décision qui « n’est pas digne d’un grand groupe responsable qui plus est a profité de subventions publiques ». Pourtant, en juin, il prophétisait : « Ne vaut-il pas mieux un plan social bien bâti qu’une reprise douteuse ? » Vœu exaucé.
Le plan de licenciements, étrangement nommé plan social, sera lui conclu le mardi 18 décembre après plusieurs mois de négociations. Sur les 850 salariés restants, 400 auraient pu être repris par Punch mais tous finiront à la porte selon les volontés de Ford. (...)