
Le rachat du vénérable « Washington Post » par M. Jeffrey Bezos, fondateur du site de vente en ligne Amazon, met en lumière la vulnérabilité de la presse écrite. En France, des journaux vendent des prestations événementielles aux collectivités locales pour tenter d’équilibrer leurs comptes.
La formule du forum consiste pour les collectivités locales à acheter à un journal parisien l’organisation d’un événement public susceptible de propulser leur ville, le temps d’un week-end, au rang de capitale intellectuelle régionale où débattent des politiques, des savants, des journalistes... Pour les titres engagés dans cette activité riche en subventions publiques, il s’agit certes de mettre en valeur leur « marque », mais surtout de générer des recettes susceptibles de contrebalancer la baisse de leurs ventes (1).
« Sans les forums, nous serions en dépôt de bilan », a admis Mme Anne Lauvergeon, présidente du conseil de surveillance de Libération (Les Echos, 19 avril 2013). En 2009, le quotidien n’en avait organisé que deux, à Rennes et à Grenoble. En 2013, il en aura planifié pas moins de onze, d’ampleur variable, à Grenoble, Rennes, Marseille, Strasbourg, Lille, Montpellier, Nancy, Bobigny, Vitry, Toulouse ou encore Avignon. Ajoutée aux quelque 9,9 millions d’euros d’aide directe à la presse (2) perçus en moyenne chaque année depuis 2009, cette manne maintient le journal à flot et rassure ses créanciers.
Les forums se sont révélés si fructueux que l’idée, lancée par Libération en 2007, a été copiée par les hebdomadaires Le Nouvel Observateur, Marianne et Le Point. (...)