
Le ciel est sombre, les bâtiments sales et le personnage masqué. Cette semaine, le magazine Valeurs actuelles publie une « enquête choc » sur les « cités où les Français de souche subissent la loi des caïds ».
L’expression « Français de souche » est utilisée sans guillemets.
Cela fait longtemps que l’hebdo de la droite dure a laissé tomber les précautions typographiques. Le terme revient régulièrement dans ses articles, parfois accompagné du mot « gaulois ». Par ailleurs, des auteurs comme Alain Finkielkraut ou Denis Tillinac sont régulièrement critiqués pour l’usage de l’expression.
Mais, à force de répétitions, la formule est presque passée dans le langage courant. Dans les débats de l’Assemblée nationale, on la retrouve de temps en temps et elle ne vient pas nécessairement des bancs les plus à droite. L’impression de la nouveauté, alimentée par l’existence du site Fdesouche et la montée d’un discours identitaire, cache d’ailleurs une généalogie plutôt ancienne. (...)
La tournure séduit surtout la Nouvelle droite, un courant insufflé par l’écrivain Alain de Benoist, qui aime tisser l’image d’une Europe blanche, fécondée par les Indo-européens – supposés pères génétiques de la « race blanche ». (...)
Interrogé sur le sens de l’expression, l’historien Patrick Weil la critiquait en 2011 :
« Elle n’a aucun fondement. Les souches sont immobiles, tandis que les êtres humains bougent et évoluent. La France a été une terre d’invasion puis de migrations, et les nouveaux venus ont toujours fini par s’intégrer. » (...)