
(...) L’oukase est tombé de la bouche de la nouvelle directrice de France Inter dans une interview accordée vendredi 27 juin à un site spécialisé dans les médias : « Là-bas si j’y suis » serait supprimé en septembre. Et comme les nobles causes requièrent la plus grande habileté managériale, le verdict a été rendu après la dernière émission de la saison pour épargner à l’équipe de « Là-bas si j’y suis », la tentation d’en appeler, au micro, à la mobilisation des auditeurs !
Bilan : la direction de France Inter réengage Demorand (tout auréolé de ses exploits à Libération...) et dégage Mermet. Le premier serait « extraordinaire » et le second trop vieux.
Passons sur l’âge du capitaine : non seulement, il ne lui est pas opposable juridiquement puisqu’il est lui-même en CDD, mais surtout Daniel Mermet (dont les relations avec certains de ses collaborateurs ont fait l’objet de vives critiques [1]) avait prévu de passer progressivement la main aux (plus jeunes) reporters de l’équipe au cours de la saison prochaine. Cette décision était connue de la direction de France Inter qui, après avoir fait mine de la prendre en compte, l’a subitement ignorée !
Autre motif invoqué : l’audience quantitative de l’émission qui aurait « perdu 100 000 auditeurs en deux ans ». Cet argument comptable est avant tout un argument faussé puisque cette audience se maintient à des niveaux très élevés, avec près de 450 000 auditeurs chaque jour – alors même qu’elle était descendue aux alentours de 150 000 auditeurs après la décision de la direction d’imposer le déplacement de l’émission de 17h à 15h en 2006. Mais surtout cet argument omet l’essentiel : l’audience d’une émission – du moins sur le service public, on veut encore le croire – est essentiellement qualitative ; elle se mesure aux rapports que les auditeurs entretiennent avec ce qu’ils écoutent !
Laurence Bloch – on l’a dit – ne nous est pas inconnue. C’est en effet une virtuose. Réputée pour le rôle qu’elle a joué auprès de Laure Adler dans le processus de normalisation de France Culture en 1999 et au début des années 2000, elle l’est sans doute moins pour avoir incité Elisabeth Lévy (selon le témoignage de celle-ci) à priver Acrimed de tout accès à l’antenne de France Culture. (...)
. La suppression de « Là-bas si j’y suis » n’est pas seulement un coup porté à la diversité des pratiques et des formats journalistiques, au pluralisme de l’information et à la qualité du service public. Cette décision est aussi le signe que ses dirigeants, singeant ceux du privé, se comportent en véritables propriétaires du service public radiophonique, du coup soumis à l’arbitraire de leur inspiration ou de leurs envies du moment…