
Hollande a annoncé l’intervention humanitaire de la France en Irak pour porter secours aux chrétiens et aux yézidis. Un nouvel épisode dans la longue histoire, pas toujours glorieuse, qui lie ces deux pays.
La France participe donc une nouvelle fois à des opérations militaires en Irak, officiellement humanitaires et destinées à porter secours aux populations chrétiennes et yézidies victimes de l’avancée des djihadistes de l’Etat islamique (EI) dans le nord du pays, aux confins du Kurdistan d’un côté, de la Syrie de l’autre.
Mais entre la France et l’Irak, c’est une longue histoire de près d’un siècle qui vit un nouvel épisode – une histoire au parfum de pétrole et d’armes, plus souvent faite de compromissions et de corruption que de grands sentiments. Avec le recul, une histoire plus souvent indigne que glorieuse.
Paradoxalement, le vrai titre de gloire de la France avec l’Irak s’est produit quand la France a refusé de participer à l’aventure militaire américano-britannique de 2003, aux conséquences désastreuses qui se font sentir encore aujourd’hui, plus d’une décennie plus tard. Sans oublier l’aide aux populations kurdes en 1991, véritable coup de force humanitaro-diplomatique. (...)
Retour sur une histoire qu’il faut bien démarrer au cours de la Première Guerre mondiale, lorsque Français et Britanniques négocièrent secrètement un redécoupage du Moyen-Orient pour sceller leur alliance, en vue du démantèlement de l’empire ottoman. (...)
Georges-Picot était membre de ce qu’on appelait alors le Parti colonial, ce comité de notables et d’élus français de tous les bords qui se donnait pour mission d’influencer les décisions politiques dans le sens de l’expansion (et par ailleurs, pour la petite histoire, grand-oncle de Valéry Giscard d’Estaing...).
Il était partisan déclaré d’une grande Syrie allant de l’actuel Liban jusqu’à Mossoul, dans le nord de l’Irak, évidemment sous contrôle français. Il tentera de négocier cette zone du nord de l’Irak, riche en pétrole, au profit de la France, mais échouera : tout l’Irak tombera dans l’escarcelle britannique, pétrole inclus !
Ce ne sera que partie remise et, dans les années 60, la France gaulliste et ambitieuse n’aura de cesse de prendre pied dans le fief pétrolier anglo-américain de la région. (...)