
Dans un rapport censé d’abord proposer des alternatives à la suppression de la redevance annoncée par Emmanuel Macron, les sénateurs imaginent la fusion globale de France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA.
(...) Profiter de la suppression de la redevance pour (re)mettre sur la table la fusion de France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA (mais sans Arte ni TV5 Monde). C’est la stratégie choisie par la mission sénatoriale de « contrôle sur le financement de l’audiovisuel public ». Les élus devaient à l’origine plancher sur des idées alternatives à la redevance, dont la suppression a été annoncée par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. (...)
« La fusion, c’est un peu le sens de l’histoire, et ça permet à terme de réaliser 10 % d’économies sur le budget global de l’audiovisuel public, aujourd’hui de 3,7 milliards d’euros. »
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Télé, radio, même combat
Une fusion entre les rédactions de France Inter et de France 2 est-elle possible ? À cette question, Jean-Raymond Hugonet répond que le « rapprochement de certains services est tout à fait envisageable ». Les journalistes concernés devraient apprécier... Pour les sénateurs, télés et radios, c’est en effet même combat. France 3 et France Bleu seraient ainsi regroupés dans une même filiale baptisée France Médias Régions. Dans ses recommandations, le rapport prône aussi la fin du parrainage sur les antennes de France Télévisions et Radio France, qui rapporte pourtant 70 millions d’euros par an. « Mais ce n’est en aucun cas un cadeau fait aux chaînes privées », jure Roger Karoutchi. Ce potentiel chantier pourrait être lancé en 2025, « au terme du mandat de Delphine Ernotte Cunci à France Télévisions ».
Et sinon, quoi pour remplacer la redevance ? D’un coup, les sénateurs font preuve de beaucoup moins d’imagination. Et ne proposent pas d’autre solution que d’intégrer le budget de l’audiovisuel public à celui de l’État, mais de manière pluriannuelle pour favoriser la visibilité financière. Exactement ce qu’a déjà laissé entendre Emmanuel Macron pendant la campagne. Pour garantir l’affectation des ressources mais aussi « évaluer les besoins de l’audiovisuel public », une nouvelle instance, baptisée Asap (comme Autorité supérieure de l’audiovisuel public) et présidée par un magistrat de la Cour des comptes, serait mise en place – l’Arcom, ex-CSA, a en effet estimé que tout ce qui touchait au budget de l’audiovisuel public n’était pas de son ressort. Le tout étant bien sûr censé garantir une totale indépendance pour l’audiovisuel public...
Déjà sur la brèche avec la fin de la redevance, qu’ils voient comme une attaque en règle contre l’audiovisuel public, l’intersyndicale (CGT, CFDT, FO, SNJ) ne devrait pas voir ses inquiétudes levées avec ce rapport sénatorial. L’appel à la grève pour le 28 juin reste plus que jamais d’actualité. Rappelons toutefois que pour que la réforme soit mise en place il faut que En marche/Renaissance dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale. Si d’aventure c’est la Nupes (Nouvelle union populaire, écologique et sociale) qui décroche le Graal, le destin de l’audiovisuel public promet d’être bien différent : son programme prévoit le maintien de la redevance télé, et même sa progressivité et son augmentation.
Rappelons que la suppression de la redevance, comme les autres mesures fiscales de Macron (suppression de l’ISF, de la taxe d’habitation, etc.), ne bénéficiera pas aux plus précaires, qui en sont exonérés (personnes de plus de 60 ans et invalides, sous condition de ressources).
— Samuel Gontier (@SamGontier) June 8, 2022
Plutôt que rendre la redevance équitable, Macron et ses amis LR préfèrent la supprimer afin d’inféoder aux intérêts des gouvernants le service public et ses bastions d’indépendance, depuis @EnvoyeSpecial jusqu'à @Cdenquete en passant par tant de pépites documentaires.
— Samuel Gontier (@SamGontier) June 9, 2022