
Pendant l’Assemblée générale des Nations unies qui s’ouvre ce mardi, les chefs d’Etat et de gouvernement de la planète parleront de Syrie, beaucoup, d’Afrique, un peu et du Proche-Orient, toujours. Un sujet sera absent des conversations : la réforme du Conseil de sécurité.
Depuis le début de la crise syrienne, hormis l’envoi d’une mission d’observation, le Conseil de sécurité n’a pas adopté une seule résolution, pas même sur la situation humanitaire.
On peut blâmer le veto de la Russie et de la Chine, mais le vrai responsable c’est le droit de veto en tant que tel. Un droit anachronique, arbitraire et de moins en moins justifiable accordé aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France) en 1945 et jamais remis en cause.
Si François Hollande se soucie sincèrement du blocage de l’ONU dans la crise syrienne, alors il doit montrer l’exemple et annoncer que la France renonce à son droit de veto.
Impensable ? L’idée a pourtant déjà été évoquée par Laurent Fabius lui–même lors d’un discours à Sciences-Po, le 6 septembre 2012. Le ministre des Affaires étrangères proposait alors un « code de conduite » par lequel les membres permanents du Conseil de sécurité s’engageraient
« à ne pas exercer leur droit de veto dans les situations de crises humanitaires graves ».
Cette déclaration répétée à plusieurs reprises pour les « crimes de masse » est restée sans suite. La France n’a jamais déposé de texte qui aurait permis d’engager le débat, ni tenté de mettre de sujet à l’agenda du Conseil de sécurité.
L’Elysée n’a pas pourtant pas besoin d’attendre l’accord de Washington, Moscou, Pékin et Londres pour agir et annoncer publiquement qu’elle n’utilisera plus son veto. La politique étrangère française n’en sera pas bouleversée. Le dernier veto solitaire de la France au Conseil de sécurité remonte à 1976, sur l’indépendance des Comores. (...)