
Une page entière du Monde du 27 juillet, rend compte d’une enquête des services de lutte contre le travail illégal dans l’Ain. Elle a duré 3 ans, de 2015 au 18 juin 2018. 90 gendarmes, 40 fonctionnaires ont durement prouvé que sociétés écrans et patrons voyous trafiquaient 516 salariés victimes d’origine polonaise, qui bossaient pour des gros propriétaires maraichers, entre Valence et Bourg en Bresse, 8 à 9 mois par an, 50 à 60 h par semaine, 5 euros de l’heure, voyage en bus depuis Lodz payé à leurs frais, logés dans des mobil home entre 300 et 600 euros ou dans des conteneurs d’une chaleur épouvantable, cotisations sociales non versées (un préjudice de 2,5 millions d’euros pour les caisses sociales).
« La frontière est poreuse entre travail illégal et traite des humains » titre le journal. Les patrons français complices, donneurs d’ordre, s’exonèrent de payer les cotisations sociales, rognent les salaires, maximalisent les durées du travail, dans des conditions inhumaines. Un trafiquant déjà été condamné en 2007, puis en 2009, a été déféré à un juge, pour « travail illégal par dissimulation d’activité salariée », « marchandage et prêt illicite de main d’œuvre » et blanchiment de ces infractions (200 comptes bancaires bidons). Le même trafiquant s’apprête pourtant à ré-ouvrir une autre fausse agence d’intérim, (elle s’appellera sans doute « Pol-térim » à la place de « Pol Service ») et dans le Haut-Bugey des Slovaques viennent pour d’autres activités de bûcheronnage.
« En 2017 le montant du préjudice fiscal et social engendré serait de plus de 99 millions d’euros ». (...)