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Mouvement pour une Alternative Non-violente ( MAN)
GANDHI : Violence ou lâcheté ?
Article mis en ligne le 18 octobre 2019
dernière modification le 17 octobre 2019

Suite aux évènements meurtriers qui interpellent nos consciences à toutes et tous, la presse s’est faite l’écho de diverses réactions et prises de parole. Une citation attribuée à Gandhi : « En dernier recours, je préfère la violence à la lâcheté » a été mentionnée et largement évoquée sur les réseaux.

En la circonstance,les mots sont lourds de sens. Ils méritent quelques remarques. Il serait en effet dangereux de se méprendre.

Voici la citation exacte de Gandhi [1] : « Je crois vraiment, affirme-t-il en 1920, que là où il n’y a que le choix entre la lâcheté et la violence, je conseillerais la violence [...] C’est pourquoi je préconise à ceux qui croient à la violence d’apprendre le maniement des armes. Je préférerais que l’Inde eût recours aux armes pour défendre son honneur plutôt que de la voir, par lâcheté, devenir ou rester l’impuissant témoin de son propre déshonneur. Mais je crois que la non-violence est infiniment supérieure à la violence [...] Le véritable courage de l’homme fort, c’est de résister au mal et de combattre l’injustice en prenant le risque de mourir pour ne pas tuer, plutôt que celui de tuer pour ne pas mourir. Le plus grand courage, c’est de résister au mal en refusant d’imiter le méchant. »
En résumé, Gandhi préfère la violence à la lâcheté - mais il rajoute : Je crois que la non-violence est infiniment plus efficace que la violence.

Est-il nécessaire de préciser ici que la non-violence ne se limite pas à un simple refus de la violence, et que ses premiers ennemis restent l’injustice et le mensonge ? (...)

L’apport décisif de Gandhi est de nous sortir du piège où nous n’aurions le choix qu’entre la lâcheté et la violence. Cette idéologie exerce un véritable chantage sur nos consciences : si nous n’acceptons pas d’être violents, c’est que nous serions des lâches. Cependant, il reste vrai que celui qui surmonte sa peur en risquant sa vie pour combattre l’injustice, fût-ce par les moyens de la violence, est en effet courageux.

Mais Gandhi se garde bien d’affirmer que la violence, même si elle sert une fin juste, deviendrait un moyen juste. (...)

La violence finit par offrir à l’adversaire tous les arguments dont il a besoin pour discréditer les combats les plus nobles.

Ce qui nous enferme aujourd’hui, c‘est que nous n’avons aucune idée des mille méthodes de la non-violence active. Nous n’avons aucune idée de sa redoutable efficacité face à l‘injustice. Nous n’avons aucune idée de sa capacité à rassembler le peuple, à libérer les énergies, à créer la confiance. Nous avons trop peu l’expérience de sa fécondité à transformer durablement les réalités et les consciences.

Cela ne s’improvise pas. Cela s’apprend. Voilà le défi.

La non-violence, ce n’est pas renoncer à lutter. C’est lutter cent fois mieux.