
Rungis à 08H00. Les primeurs, bouchers, fromagers et poissonniers du marché de gros parisien ont remballé leurs étals. C’est l’heure où le tri peut commencer.
"On fait ça pour des personnes démunies, pour qu’elles puissent manger des produits frais", explique Pascal Catiga, l’un des 27 trieurs des "potagers de Marianne", association installée au coeur du plus grand marché alimentaire frais d’Europe.
Une partie des invendus de ce temple de l’opulence alimentaire sont ainsi redistribués à des associations caritatives (Resto du coeur, Banque alimentaire..) et aux épiceries solidaires du réseau Andès.
Même si de nombreuses start-up, comme Phenix, se lancent dans le créneau de la lutte contre le gaspillage, les Potagers de Marianne restent les seuls à ne s’occuper que de produits frais, dont la récupération est la plus délicate. (...)
Après déchargement, le tri est un travail de fourmi : il faut sortir les fruits pourris un par un, regarnir d’autres cagettes. Sans les abîmer. Une activité pas vraiment rentable s’il fallait rémunérer les salariés normalement.
Pour compenser, l’association qui pilote le projet se transforme en école de formation aux métiers de la logistique alimentaire pour des gens éloignés de l’emploi. Et ça marche. Certains sont ensuite réemployés sur le marché.
"Nous leur apprenons à monter une palette, passer le permis de conduire, lire une carte pour les livraisons", dit Lydie Berdin, encadrante technique.
"On se lève tôt, on travaille dur, dans le froid, mais notre métier est utile", sourit une trieuse, "on évite le gâchis".
Reste à trouver un équilibre économique. "Les fruits tâchés demanderaient une main-d’oeuvre spéciale pour les convertir en confiture, mais il n’y a pas de filière, et cela ferait concurrence à ceux qui font de la confiture avec des produits de qualité", relève M. Oudard. (...)