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Rue89 Bordeaux
Gilets jaunes : après les violences à Bordeaux, la justice a la main lourde
Article mis en ligne le 12 décembre 2018

Le tribunal correctionnel de Bordeaux a condamné ce lundi à de la prison ferme trois personnes jugées en comparution immédiate pour violences envers les forces de l’ordre, et deux autres pour vol lors du sac de l’Apple Store. Des peines « très sévères », estime la défense, selon laquelle les juges ont voulu faire des exemples avant l’acte V des Gilets jaunes.

« Que vous est-il arrivé pour que deveniez des barbares ? » Ce terme choc, Marie-Madeleine Alliot, procureure de la République, n’hésite pas à l’employer à plusieurs reprises ce lundi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, où 5 personnes sont jugées en comparution immédiate.

Elles ont été arrêtées samedi, après les manifestations des gilets jaunes, des lycéens et la Marche pour le climat, lors de scènes de batailles rangées et de pillages inédites dans le centre de Bordeaux. Sur les 56 personnes placées en garde à vue ce week-end, la plupart ont été relâchées, sauf celles suspectées de violence.

La procureure s’adresse à Alexandre B. et Erwan P. : ces deux jeunes gens (25 ans) sont accusés de violences et outrages envers les forces de l’ordre – ils auraient jeté des bouteilles sur des policiers (ce qu’ils nient) et les ont insultés (...)

Condamné par le passé à cinq reprises pour des faits de violence, Damien, 30 est un ancien toxicomane en cours de sevrage, et s’est, selon son avocate, Marine Garcia, retrouvé là « par curiosité mal placée ». (...)

Sur les dizaines de personnes qui participaient à ce saccage, seulement trois ont été pour l’heure interpellées (dont un mineur), et deux comparaissent ce lundi. Si on ne les reconnait pas sur les vidéos, ils ont été pris en flagrant délit, alors que la plupart des personnes les plus actives ont rapidement pris la fuite.

« Ceux qui sont jugés ne sont pas les plus violents », estime donc Marine Garcia, également avocate d’un des deux prévenus. Ni l’un ni l’autre n’ont manifesté avec les Gilets jaunes, et très peu des pillards visibles sur les images ne portaient.

« Le dernier con, c’est moi »
Sadio K., 18 ans, affirme être passé là par hasard, au moment où les casseurs réussirent à pénétrer dans l’Apple Store, et en profite pour voler une tablette, seul objet laissé sur place. « Je n’aurais pas dû suivre le mouvement », regrette à l’audience le jeune homme, actuellement sans emploi ni casier judiciaire.

« Le dernier con qui est rentré tout seul, c’est moi », déplore le second prévenu, Julien L., 32 ans. Il ne peut se tenir debout depuis son arrestation mouvementée, dans laquelle ses lunettes ont aussi été cassées.

Une fois dans l’Apple Store, le jeune homme, déjà condamné pour violences légères et escroquerie par le passé, ramasse une enceinte audio, « incompatible avec [son] téléphone, un Samsung », soupire-t-il…

Son avocate demande la clémence pour Julien, qui souffre de problèmes physiques et psychiatriques, et traverse une période familiale et personnelle très délicate. Elle supplie le tribunal de ne pas céder à « la pression politique » dans le sens de jugements sévères. « Personne ne comprendrait que vous ressortiez libre de cette enceinte », affirme au contraire Marie-Madeleine Alliot (...)

Le contexte à lui aussi pesé lors de la condamnation jeudi dernier par le même tribunal de trois Gilets jaunes arrêtés après la dégradation du péage de Virsac. Ni militants du Grand Soir, ni casseurs patentés, ces trois jeunes gens ont été qualifiés par Sylvie Guedes, procureure de la République, de « M. Tout le Monde » : (...)