
Après avoir accusé « Le Monde » de colporter des « rumeurs », la gendarmerie nationale évoque finalement de possibles « initiatives isolées ».
Le 15 janvier dès l’aube, des « gilets jaunes » approchent de la commune de Grand-Bourgtheroulde (Eure) où le président de la République est attendu dans la journée pour le lancement du « grand débat ». En vertu d’un arrêté interdisant les manifestations et les rassemblements, les gendarmes, qui bloquent l’accès à la commune, procèdent à des contrôles d’identité quasi systématiques des manifestants présents.
Dès 7 heures, Le Monde constate qu’il ne s’agit pas toujours d’une simple vérification de la pièce d’identité, mais observe à plusieurs reprises les gendarmes prenant en photo cartes d’identité et passeports avec leur smartphone. Le Tweet qui en fait état est rapidement partagé à de nombreuses reprises sur les réseaux sociaux.
Contrôle d’identité aux abords de #Bourgthroulde : les gendarmes ne font pas que vérifier les pièces d’identité, ils les prennent en photo. « C’est du fichage » dit un manifestant. Les #giletsjaunes reçoivent l’ordre de retirer leur gilet « sous peine de 135 euros d’amende ». pic.twitter.com/MKBgAMf2Wx
— Aline Leclerc (@aline_leclerc) 15 janvier 2019
Plusieurs « gilets jaunes » venus à Grand-Bourgtheroulde témoignent de la même pratique. (...)
Or, plusieurs juristes estiment que la prise en photo, par un smartphone, des pièces d’identité est « injustifiée » et pourrait représenter une entrave au règlement général sur la protection des données (RGPD) et à la loi informatique et libertés, parce qu’elle permet non seulement de relever la photo, le nom et l’adresse du manifestant, mais y ajoute des données de géolocalisation. (...)
Au-delà des pratiques, c’est le devenir de ces photos qui pose question. « Rien n’a été stocké » soutient la gendarmerie nationale. Si certains « gilets jaunes » s’inquiètent d’un possible fichage, tous dénoncent dans ces pratiques une technique de dissuasion.