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Ligue des Droits de l’Homme/Communiqué, Paris, le 7 août 2023
Gilles Perrault, la mort d’un juste
#GillesPerrault
Article mis en ligne le 8 août 2023
dernière modification le 7 août 2023

L’écrivain Gilles Perrault est mort, le 3 août 2023, dans son village de Sainte-Marie-du-Mont dans la Manche.

Trop jeune pour s’engager dans la Résistance mais enfant de parents résistants, il avait une passion pour son combat, qu’il a exprimée notamment dans L’Orchestre rouge, hommage au réseau de résistance composé de juifs, communistes et internationalistes autour de Léopold Trepper.

Puis pour les luttes d’émancipation anticoloniales et leurs lendemains difficiles, exprimée dans des livres comme Les Parachutistes paru à la fin de la guerre d’Algérie, Un Homme à part consacré à Henri Curiel, communiste, égyptien, juif, apatride, assassiné à Paris en 1978 avec la complicité des plus hautes autorités françaises, ou Notre ami le roi, dénonçant le système monarchique absolutiste au Maroc et ses soutiens français.

Son livre Le Pull-over rouge a marqué nombre de femmes et d’hommes qui se sont alors engagés pour l’abolition de la peine de mort.

L’un de ses derniers engagements militants fut, dans les années 1990, d’avoir participé à la fondation de Ras l’Front, pour combattre le Front national.

Mais, dans la France des années 2000, il a déclaré s’être inscrit… à « l’ANPE de la militance ».

Pourtant, lorsque la LDH (Ligue des droits de l’Homme) avait fêté en 1998 son Centenaire, il a donné un beau texte à sa revue où on pouvait lire notamment que : la LDH « fait partie des meubles de la République » bien qu’elle « ne passe jamais au journal de 20 heures… Promise au musée, elle traîne dans les rues les jours de grande manifestation pour la bonne cause, rarement à leur tête, souvent à leur origine… […] Sans elle, l’avenir serait un peu plus redoutable ».

Cet humour faisait aussi partie de la personnalité de l’écrivain engagé. Celles et ceux qui l’ont croisé se souviendront d’un homme passionné, toujours fidèle à ses engagements, à ses amis et profondément humain avec toutes et tous.

La LDH se souviendra du juste et de l’ami que fut Gilles Perrault et elle lui rend hommage.

Lire aussi :
 (FranceTVinfo)
Mort de Gilles Perrault : Edwy Plenel évoque un "homme droit", "juste", un "exceptionnel raconteur" dont "la main ne tremblait pas"

(...) >> Gilles Perrault : "Ils ont tout fait pour me faire taire"

Pour Edwy Plenel, Gilles Perrault était un "exceptionnel raconteur". Parmi les autres livres écrits par le journaliste, Edwy Plenel cite notamment Les Parachutistes (1961), Les Gens d’ici (1981). "Il avait trouvé l’écriture comme une arme", poursuit le journaliste qui raconte que Gilles Perrault était "destiné à être avocat" mais qu’"il s’ennuyait". Il a donc "abandonné la robe et la parole pour se replier sur cette idée de l’écriture". Avec ses livres, "toujours une enquête", il montrait "qu’on peut peut-être parfois changer le monde". "Tous ses livres ont ébranlé des univers entiers".
Un homme "juste"

Questionné sur Le pull-over rouge, Edwy Plenel rappelle que son objectif avec ce livre était "de combattre la peine de mort". "L’impact de ce livre a énormément aidé dans l’opinion pour permettre l’abolition ensuite portée par Robert Badinter", ajoute Edwy Plenel.

Le co-fondateur de Mediapart parle d’un homme "juste", une "personne très libre et qui s’engageait à corps perdu dans les causes qu’il défendait. C’était une belle personne". Et d’insister : "Un homme d’une très grande droiture", dont "la main ne tremblait pas" quand il s’engageait dans une cause et qui n’"était pas tenté de douter ou de faire demi-tour". Enfin, conclut le journaliste, il était de ceux qui pensent que "quand on s’engage on n’a pas de garantie et que parfois il faut s’engager et dire non, en ayant aucune certitude de gagner".