Si les cortèges anti-Mondial sont moins fournis qu’en juin 2013, le rejet de ce méga-événement est bien réel dans ce Brésil pourtant féru de football. Les affairistes, eux, ont déjà gagné la coupe. Le championnat du monde de football, qui débute jeudi 12 juin au Brésil, représente déjà bien plus qu’un grand évènement sportif.
Avant même que le ballon commence à rouler sur les douze stades de ce pays-continent, les divers aspects de la réalité brésilienne se sont exprimés dans la dynamique pré-Mondial, selon Beat « Tuto » Wehrle.
Responsable du programme « Le droit de jouer », une initiative solidaire d’appui aux enfants et adolescents des favelas de Sao Paulo, lancée et soutenue par Terre des hommes – Allemagne, ce Suisse présent de longue date au Brésil connait bien les mouvements sociaux locaux et les motifs de leur fronde qui s’exprime depuis plus d’un an contre la tenue de ce tournoi. (...)
Qu’est-ce qui a marqué, selon vous, cette période d’avant-compétition.
Beat « Tuto » Wehrle : Quatre dynamiques essentielles se sont croisées : les intérêts économiques liés aux infrastructures, dont la construction se termine à peine ; la reprise des mobilisations sociales ; l’emprise croissante du système de sécurité et du contrôle militaro-policier, implantés dans une grande partie des villes où se dérouleront les différents matchs ; et l’éventuel impact politique du Mondial en cette année électorale. (...)
, la sécurité du Mondial constitue le prétexte justifiant la reproduction de méthodes historiquement connues, qui visent à dissuader et à réprimer toute tentative de mobilisation sociale. Cinquante ans après le coup d’Etat militaire contre le gouvernement de Joao Goulart – qui a été commémoré le 1er avril – l’appareil d’Etat brésilien continue d’être marqué par des éléments autoritaires et répressifs. Le meilleur exemple, ce sont les polices militaires présentes dans tout le pays. Et tout cela indépendamment de la volonté de la présidente Dilma Roussef. (...)
les mobilisations actuelles n’atteignent pas l’ampleur de celles de juin passé, durant la Coupe des confédérations. De plus, le mouvement n’a pas de direction organique.
Malgré cette décrue, les sondages montrent une relative impopularité du Mondial. Mais une majorité rejette aussi les manifestations, au contraire de l’an dernier. Une évolution clairement imputable aux violences. (...)
Vers un Mondial du football de rue
La collaboration entre Terre des Hommes-Allemagne et les commissions d’entreprise des travailleurs de Volkswagen a rendu possible la réalisation du programme « Le droit de jouer ». Cette initiative lancée en 2009/2010, en Afrique du Sud, a été prolongée pour l’édition brésilienne.
La campagne a mis en relation des organisations locales et finance leurs projets favorisant le droit de jouer et de pratiquer le sport pour des enfants et des adolescents vivant dans les favelas de la banlieue de Sao Paulo. Une façon de soutenir le développement des enfants et des adolescents, mais aussi de surmonter les niveaux élevés de violence. Il s’agit enfin de profiter de l’évènement pour attirer l’attention sur ces droits de l’enfance, garantis par les conventions internationales mais systématiquement violés. L’action la plus symbolique sera l’organisation d’un Mondial de football de rue, début juillet, à Sao Paulo. (Sergio Ferrari)
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