
Dans leur course au dénigrement en règle de la grève et des grévistes, les grands médias ne s’essoufflent pas. Ils n’en disent pas autant de la mobilisation qui, selon eux et ce depuis la mi-avril, « s’effrite », « s’érode » ou « s’essouffle », au choix, tout comme le soutien aux cheminots en grève. Retour sur le leitmotiv médiatique de la démobilisation.(...)
« Les premiers concernés par cette grève étaient évidemment les clients de la SNCF », déclarait Gilles Bouleau, solennel, au soir du premier jour de la grève des cheminots, le 22 mars (JT de 20 h). Un précepte et un point de vue devenus depuis le fil rouge de nombre de médias dominants, dont on ne compte plus les chroniques, sujets et reportages exclusivement dédiés aux conséquences (évidemment néfastes) de la grève sur les usagers en particulier, et la société en général. Diffuser des centaines d’heures d’antenne depuis les quais de gare pour raconter « la galère » ; blâmer certaines stratégies syndicales accusées de « rajouter du chaos dans le désordre ou du désordre dans le chaos » [1] ; se découvrir une empathie de circonstance avec les travailleurs en retard ; plaindre les futurs vacanciers ; exhiber le milliard d’euros de manque-à-gagner prétendument engendré dans le secteur du tourisme ; disserter sur le stress et les angoisses occasionnés par les retards de train…
Autre « angle » de prédilection pour le traitement des mobilisations sociales : celui de « l’essoufflement ». (...)