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Grève en Belgique : Haro sur les grévistes et les syndicats
Article mis en ligne le 6 janvier 2012
dernière modification le 3 janvier 2012

Le 6 décembre 2011, après 540 jours de négociations, la Belgique disposait enfin d’un gouvernement. Mais dès le 2 décembre, le mouvement syndical, qui n’avait guère été enthousiasmé par la publication de l’accord de gouvernement, les mesures concernant les pensions, le chômage et les coupes dans les services publics, avait organisé une manifestation contre l’austérité ayant rassemblé entre 60 000 et 80 000 personnes : la plus grande mobilisation sociale en Belgique depuis le « pacte des générations » (réforme du système de pensions) en 2005. Puis vint la grève du 22 décembre…

(...) Cette mobilisation d’ampleur, bloquant le pays, a déclenché une réelle offensive médiatique contre les syndicats, soulignant « l’inévitabilité » des réformes. Dans le quotidien Le Soir du 28 décembre, Philippe Van Muylder, secrétaire général de la FGTB [1], signait une tribune titrée : « La chasse aux syndicalistes est ouverte » [2] . Et pour cause ! (...)

Le gouvernement et son accord ont été largement salués par la plupart des grands médias : les mesures d’austérité seraient, disent-ils, « urgentes » et « inévitables ». Dès la mise en place du gouvernement et après la première mobilisation sociale du 2 décembre, le vice-premier ministre Johan Vande Lanotte lance un appel dans le journal Le Soir : « Avant même d’avoir un gouvernement, on a déjà manifesté ! On est déjà en train de préparer la grève. Ce n’est pas comme ça que marche, une démocratie ! [...] Evitez de vous mettre hors-jeu ! Restez dans le jeu ! Deux millions d’affiliés… Cela donne des responsabilités » (6/12/2011). Le message est clair : la réforme est inévitable, ne manifestez pas. Les éditorialistes et journalistes des différents quotidiens francophones suivront religieusement l’avis du gouvernement.
(...)

avant même qu’elle ne se déroule, la mobilisation est annoncée comme irrationnelle, inutile et contre-productive. Certes, l’expression des grévistes est « légitime ». Mais elle est le reflet d’une « inquiétude », d’un « sentiment compréhensible », d’une « peur », et non d’une position raisonnable.
(...)

Cette campagne médiatique de soutien aux mesures ne peut donc qu’anticiper la dénonciation d’une grève « pour rien ». (...)

La condamnation médiatique de la grève s’est doublée d’une offensive contre le droit de grève et le syndicalisme. (...)

En attendant la prochaine et probable grève du 30 janvier, nul doute que la campagne de propagande se poursuivra. Faire accepter la pilule de l’austérité, ça se travaille…

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