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Grogne médiatique contre la grève dans la fonction publique
Article mis en ligne le 5 février 2013

Contestant les politiques d’austérité menées par le gouvernement, plusieurs confédérations syndicales (FSU, CGT, Solidaires) appelaient les travailleurs de la fonction publique à faire grève jeudi 31 janvier. L’occasion pour les « grands » médias d’informer sur les raisons d’une colère sociale dont la grève des professeurs des écoles parisiens a récemment donné la mesure [1] ?

Si quelques médias se sont distingués en livrant des éléments de compréhension de cette grève, c’est généralement en les enrobant dans la thématique animalisante de la « grogne ». Plus malveillants, certains médias ont choisi de mobiliser contre la mobilisation sociale, que ce soit en reprenant à leur compte une rhétorique anti-fonctionnaires usée jusqu’à la corde ou en décrétant, une fois pour toutes et par avance, l’inutilité de cette grève.

Il ne nous revient pas ici de défendre les revendications ou le mode d’action des grévistes, mais simplement de constater – et de déplorer – que, loin de se contenter d’être des observateurs du mouvement, un certain nombre de médias se sont plu à devenir des acteurs du conflit en disqualifiant une des parties. Plus généralement, c’est une fois encore l’absence de pluralisme – qui se manifeste à travers le faible intérêt accordé aux revendications du mouvement social – qui doit retenir l’attention. (...)

dans la langue automatique dont use la plupart des journalistes par temps de grève, la « grogne » constitue non seulement l’ « un des symptômes les plus graves du “malaise” » (et non de la critique ou de la colère), mais surtout « un signe de l’animalité privée de mots des “grognons” ». En effet, « en qualifiant de “grogne” l’action et la parole de centaines de milliers de personnes en mouvement, les journalistes professionnels corroborent l’attitude du gouvernement qui fait celui qui n’entend pas. […] Les manifestants font du bruit, ils ne parlent pas. La “rue grogne” mais est incapable de produire une pensée, une parole, une action politique » (...)

 Le Figaro en fait sa « une » : « La grogne monte chez les fonctionnaires ». Mais aussi : « Les conditions de travail, les suppressions d’emplois dans les secteurs non prioritaires, la baisse du pouvoir d’achat suscitent la grogne des agents du public ».

 Le Monde, L’Expansion, Le Point : « un mouvement de grogne qui se cristallise principalement autour des rémunérations et de l’emploi ».

 TF1 : « Elle [la gauche] est en effet confrontée à la grogne de ses bataillons électoraux  ».

 France TV : « Pour la première fois depuis son élection, François Hollande doit faire face à la grogne des 5,2 millions de fonctionnaires ». (...)