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Slate.fr
Groupe Wagner et désinformation : la Russie emploie les grands moyens pour pousser la France hors d’Afrique
Article mis en ligne le 24 juin 2022
dernière modification le 23 juin 2022

« Pour caricaturer, dès qu’il y a un vide en Afrique, la Russie est sur les rangs pour le combler », décrit François Backman, membre de l’Observatoire de l’Afrique subsaharienne à la fondation Jean-Jaurès. Sur quarante pays n’ayant pas voté à l’ONU en faveur de l’arrêt de la guerre que la Russie mène contre l’Ukraine, vingt-sept étaient africains. Un bloc sur lequel peut compter Moscou, et qui rappelle l’époque des pays satellites de l’URSS.

Après avoir signé des centaines d’accords avec l’Afrique et formé de nombreux jeunes dans ses collèges soviétiques, la situation change brutalement pour l’Union soviétique, qui disparaît en 1991. Diminué, l’ancien Empire n’a plus les moyens d’investir. De nombreuses ambassades ferment.

À la suite de ces années d’indifférence durant lesquelles l’Afrique n’était plus une priorité, la Russie portée par Vladimir Poutine a fait son grand retour sur le continent noir. Mais, faute de moyens financiers suffisants pour rivaliser avec la Chine ou l’Europe, elle utilise avant tout son expertise en matière sécuritaire et militaire.
La France dans la ligne de mire

C’est ainsi que Moscou sort de ses zones d’influence traditionnelles, comme le Maghreb et plus récemment l’Afrique australe. Vente d’armes, prestations militaires, défense de gouvernements fragiles et désinformation... La machine se met une première fois en branle en Centrafrique à partir de 2018, dans ce qui prend la tournure d’un bras de fer avec la France.

Dans ce pays très pauvre mais riche en diamants, l’arrivée d’armes et de dizaines de « conseillers militaires » russes permet au Kremlin d’opérer un spectaculaire retour sur le théâtre africain. Tout ceci s’accompagne d’une violente campagne de désinformation anti-française. Le film russo-centrafricain Turist, qui s’inspire de la guerre civile déchirant le pays depuis 2013, en est un exemple. (...)

En parallèle, des médias et associations hostiles à la France sont financés par la Russie, qui entend bien mettre fin à l’influence de l’ancien colonisateur. (...)

Parmi ces groupes anti-français, l’association Galaxie nationale, qui défile dans les rues de Bangui en brandissant l’étendard russe, et s’indigne contre certains prétendus agissements de la France et de la mission des Nations unies en Centrafrique, la Minusca (11.000 soldats). (...)

L’actuel président centrafricain Faustin-Archange Touadéra dispose en outre d’un conseiller russe à la sécurité intérieure : Valery Zakharov, un membre du commandement du Groupe Wagner, des paramilitaires sans existence légale avec lesquels Moscou dément tout lien, malgré l’évidence. (...)

Accusés de multiples exactions, les mercenaires de Wagner, qui se battent sans insigne, sont déjà très présents en Afrique. (...)

En Libye, plusieurs centaines d’entre eux sont engagés aux côtés du maréchal Haftar, l’homme fort de l’est du pays, d’après un rapport indépendant de l’ONU. Des médias occidentaux comme le magazine Jeune Afrique ont signalé leur présence au Soudan, et ils seraient passés au Mozambique selon l’agence de presse turque Anadolu.
Guerre de l’information

Au Mali, la Russie tente là aussi de pousser la France dehors. Les mercenaires de Wagner ont été accusés par Paris d’avoir tenté de mettre en scène un charnier à 3,5 kilomètres de la base de Gossi, qui avait été rendue deux jours plus tôt à l’armée malienne. Les images sont diffusées sur Twitter mercredi 20 avril 2022, et accompagnées d’un commentaire pointant la responsabilité de Paris. Des accusations démenties grâce à des vidéos capturées par drone, où l’on voit des hommes en train de filmer cette mise en scène. (...)

Il reste toutefois difficile de contrecarrer toutes les fake news et rumeurs qui enflent sur les réseaux sociaux à un rythme effréné. À cela viennent s’ajouter les différents comptes affiliés au pouvoir russe qui partagent intensivement la communication du Kremlin. Une guerre de l’information donc, en plus de celle, militaire, menée par Wagner.