
Un groupe d’experts de l’ONU sur le Yémen vient de rendre un rapport incriminant la France, le Royaume-Uni et les États-Unis pour leur implication dans le conflit, à travers un soutien logistique et des transferts d’armes. Dans les trois pays, la question est prise en compte différemment.
(...) Le rapport, le premier émanant de l’ONU à incriminer les États exportateurs d’armes, pointe du doigt la responsabilité de la communauté internationale et de certains pays nommément cités. La France, le Royaume-Uni et les États-Unis sont mentionnés au sujet de leurs ventes d’armes « discutables » à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, deux pays qui sont puissamment intervenus dans la guerre au Yémen. « Les États peuvent être tenus responsables de l’aide ou de l’assistance qu’ils fournissent pour la commission de violations du droit international si les conditions de complicité sont remplies », insistent les rapporteurs.
► Quelle est la position de la France ?
La France est mentionnée à deux reprises dans le rapport : en tant qu’État tiers qui « influence ou peut apporter un soutien aux parties dans ce conflit » ; et pour son « soutien logistique » et ses « transferts d’armes ». Le rapport rappelle notamment que « le Traité sur le commerce des armes, dont la France et le Royaume-Uni sont signataires, prohibe les transferts d’armes en sachant que ceux-ci seraient utilisés pour commettre des crimes de guerre. »
La France vend effectivement des armes à certains pays de la péninsule arabique, avec pour principaux destinataires, le Qatar, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite. Celle a acheté pour près d’un milliard d’euros de matériel militaire en 2018. Les autorités assurent cependant que ces armes n’ont qu’un usage défensif et n’étaient pas engagées contre des civils. (...)
Comment le Royaume-Uni et les États-Unis traitent la question ?
Depuis l’entrée en guerre de la coalition arabe en 2015, le Royaume-Uni a vendu pour 5,3 milliards d’euros d’armes à l’Arabie saoudite. L’ONG « Campaign Against Arms Trade » a saisi la justice dès 2015, imposant la question dans le débat public.
Depuis le 20 juin 2019, le gouvernement britannique ne signe plus de nouveau contrat avec l’Arabie saoudite. Cette décision fait suite au jugement de la cour d’appel de Londres (...)
Les États-Unis, alliés de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, ont largement fourni la coalition en armement. Début avril 2019, le Congrès a approuvé une résolution exhortant le président Trump à cesser toute assistance à la coalition. Un mois plus tard, l’administration invoquait « l’agression iranienne » pour justifier le déblocage de 22 contrats d’armement.
Nouvelle offensive du Congrès en juillet, avec des résolutions votées pour bloquer les ventes. Donald Trump a mis son veto. Un groupe de parlementaires démocrates et républicains, menés notamment par Bernie Sanders et Elisabeth Warren, candidats à l’investiture du parti démocrate pour 2020, prépare un amendement à la loi de programmation militaire annuelle interdisant le soutien logistique des États-Unis aux frappes aériennes de la coalition.